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Devenir « inconnus »

Devenir « inconnus » après avoir tout vécu, tout partagé. Après avoir fait pipi la porte ouverte, après avoir tenu les cheveux de l’autre dans une soirée trop arrosée.

Devenir « inconnus » après s’être parlé de vraies choses, celles desquelles on ne parle pas avec des « inconnus » ou même avec des « amis ».

Devenir « inconnus » après s’être ramassés à la petite cuillère, après des années de fous rires, après des années à se conserver, à se faire attention, à se soutenir.

Devenir « inconnus », c’est avoir des histoires à la tonne qui mettent en scène un fantôme, mais un fantôme bien vivant. C’est avoir des photos, des messages, des vidéos de l’autre qui popent à chaque jour dans mon onglet Facebook « ce jour-là ». C’est avoir des souvenirs précieux juste à moi.

Devenir « inconnus », c’est répondre à ceux qui te demandent des nouvelles que tu ne sais pas et voir la surprise sur leur visage. C’est ignorer ce que l’autre devient, mais savoir qu’il réussit et d’en être persuadé. C’est avoir confiance que la peine que l’on éprouve a une bonne raison d’être, que ce qui a été fait à deux a été bien fait.

Devenir « inconnus », c’est avoir des fous rires quand on repense aux conneries et ressentir parfois un pincement au cœur. C’est se rappeler les heures perdues, les heures qu’on aurait donc du utiliser pour faire quelque chose de brillant, d’efficace.

Devenir « inconnus », c’est quand l’autre devient « celui dont on ne doit pas prononcer le nom », ce nom qui ne nous rend pas heureux ; plutôt un brin nostalgique. C’est le nom qui fait mal encore un peu, le nom qu’on aurait aimé garder aux alentours un peu plus longtemps.

Devenir « inconnus », c’est prendre conscience que l’amitié, comme l’amour, ça s’entretient – et ça ne survit pas nécessairement. C’est prendre conscience qu’il faut profiter et entretenir sa mémoire.

Devenir « inconnus », c’est réaliser que les gens changent, que nous-mêmes changeons et d’en faire ce qu’on pense être le mieux. De toute manière, c’est tout ce qu’on fait, de notre mieux.

Devenir « inconnus », c’est être l’inconnu de l’autre un peu plus à chaque jour. C’est oublier son odeur, son rire, ses petits yeux en étoiles.

Devenir « inconnus », c’est voir l’autre passer du premier plan au dernier plan, sans pouvoir ne pas le mentionner. C’est parler de l’autre aussitôt qu’on parle un peu d’où on vient, d’où on arrive, parce l’autre – l’inconnu a déjà été bien plus qu’un inconnu.

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