Être en deuil, c’est vouloir avancer mais rester accroché.e au passé par peur d’oublier. C’est se rappeler des souvenir heureux en ressentant le contraire. C’est avoir hâte que le temps passe, hâte d’avoir d’autres dates marquées d’une pierre blanche mais de façon plus positive. C’est vouloir drainer sa mémoire pour alléger son quotidien, mais c’est en même temps avoir peur d’en échapper un peu trop.
Être en deuil, c’est être heureux.se d’être en vie mais ressentir une vague sur l’âme. C’est avoir une boule dans la gorge quand les événements deviennent trop l’fun. C’est avoir parfois un voile devant le regard lorsqu’on vit quelque chose de beau. C’est vivre une envie immense de partager le beau de ce qui nous arrive avec quelqu’un qui n’est plus là. C’est regarder le ciel et se demander si c’est vraiment là que ça se passe après. C’est espérer peut-être pour la première fois qu’il y ait vraiment quelque chose après la mort, un endroit où on se ressentira à nouveau. C’est penser à sa propre mort, au fait qu’il n’y a rien d’éternel et à la façon dont on veut vivre le reste de sa propre vie.
Être en deuil, c’est aussi simplement pleurer dans son char un matin anodin parce que quelqu’un ou quelque chose fait remonter des souvenirs ou parce qu’une fois de plus, on aurait donc ben besoin de sa présence et de ses paroles.
Être en deuil, c’est ouvrir la porte du questionnement aux pensées philosophiques sur la vie et à la recherche de sens. C’est porter le bonheur et l’odieux d’être la personne qui est encore là.
Être en deuil, c’est vivre les fameuses étapes, les vivre chacune à son rythme et espérer que l’aboutissement qu’est l’acceptation sera plus confortable. Que la finale du processus nous permettra de conserver le beau et de sourire à nouveau en pensant aux souvenirs heureux.