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Dessine-moi un mouton

Je t’ai croisé, Petit Prince, cet été, à la boutique où je travaille. T’avais l’air méfiant. T’étais bête. Tu m’avais pas apprivoisée.

On tente de s’apprivoiser, maintenant. Tu m’as ouvert une porte. La porte. (Tudum tish!) Alors, voilà, si tu veux m’apprivoiser :

Dessine-moi un mouton. Dessine le gros, petit, touffu ou rasé, je m’en fous.

Mais dessine-le fort. Dessine le profond dans ma peau que j’en crie, que j’en pleure, que j’en saigne. Dessine le doux, doucement. Un doux mouton blanc comme ma peau.

Dessine-moi un motton. Dessine un motton monumental, de cayenne et de couteaux. Comme celui que j’ai dans la gorge quand j’hésite à te texter pour te dire que t’es nice ou que j’ai passé une belle soirée. Un motton plein de poils de chat, qui racle et m’irrite. Un motton régurgité par Bobby et Raoul après une nuit en cuillère à ronronner tout bas parce que Maman dort en haut. Un motton hideux comme les traits de nos visages quand on se « Snapchat » nos émotions. Dessine-moi un motton, parce que tu sais pas dessiner autre chose.

Dessine-moi un moteur. Dessine un moteur performant, qui spine vite. Autant que la roue de l’économie dans ton hostie de capitalisme sale, qui brise la vie de tellement de travailleurs acharnés qui gagnent pas une cenne pis qui voient leur qualité de vie prendre une drop. Un moteur qui spine comme la langue dans ta bouche quand tu parles de sujets qui te passionnent, ou quand on s’embrasse en prout et qu’après je dois essuyer un peu la salive sur mes lèvres. Un moteur qui spine comme le sang dans mes veines quand je vois la petite lumière de mon cell s’allumer parce que j’ai un message, ou quand j’ai entendu ta petite voix me demander « On peut-tu se coller pareil ? », pendant que je comptais tes moutons.

Petit Prince, tu es trop grand pour être petit.

Dessine-moi quelques mots. Dessine-moi la musique ou les étoiles. Dessine-moi ce qui est le plus important pour toi. Dessine-moi une pizza. Dessine-moi Napoléon Dynamite ou les Gloutons Barjots. Dessine-moi des câlins pis des chats. Ensemble.

Dessine-moi le spot. Dessine-moi des chocolats chauds pis le traversier.

Dessine-moi pas l’économie ou les bidous, on en parle déjà trop.

Dessine-moi les lumières.

Dessine-moi.

Je veux te connaître, te lire. Pis comme on dit, un barbot vaut mille mots.

Petit Prince, rends-moi une faveur, s’il-te-plaît. Je n’en veux qu’une alors, fais-la bien. C’est important pour moi.

Laisse-nous le temps de nous apprivoiser.

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