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Des diagnostics, le trouble de personnalité limite et moi

Vous savez, quand vous sentez que vous n’êtes pas comme les autres? Vous êtes toujours un peu marginal, vous avez des idées hors du commun. Pour vous, la simplicité est la complexité. J’ai toujours pensé que j’étais différente, mais je ne pouvais pas mettre de mot sur ce que je ressentais : une vision du monde différente ; une façon de rationaliser et de vouloir comprendre tout ce qui m’entoure combinée à des réactions parfois trop intenses ; une énergie hors du commun lorsqu’on parle de nouveaux projets ; une fidélité hors norme pour ceux qui me sont chers ; toujours prête à aider, jusqu’à m’épuiser ; et, finalement, des down trèèeèeèes down, et ce, régulièrement.

J’ai eu un premier diagnostic à l’âge de 17 ans. Secondaire 5. TAG (trouble d’anxiété généralisé). Au secondaire, le regard des autres me rongeait. Je ne pouvais pas faire quelque chose seule sans me sentir jugée : me rendre à l’école, aller aux toilettes, parler en classe, manger dans un fast food, payer à la caisse, magasiner, etc. Si j’étais seule, tout était un défi. J’avais l’angoisse qui étranglait mon estomac. La plupart du temps, je ne faisais rien lorsque j’étais seule pour éviter ces sensations. Mais la raison de ma première consultation n’était pas lié à ça, malgré le diagnostic. C’était pour des épisodes dépressifs majeurs. À 17 ans on m’a prescrit mes premiers anxiolytiques. Le médecin m’a expliqué que je commencerais à voir les effets positifs après quelques semaines seulement. Après un mois, quand j’ai vu qu’ils fonctionnaient, j’ai pris peur et j’ai tout arrêté. Voyons, MOI? Vraiment souffrir de ce genre de trouble? Jamais. J’ai recommencé un an plus tard, à cause de cauchemars incessants et des périodes dépressives qui revenaient.

Trois ans plus tard, après m’être perdue en dedans, après m’être sentie coincée jusqu’à ne plus pouvoir respirer, je suis retournée consulter. Je savais que je n’allais pas bien. Je m’inquiétais. Même que parfois, je ne me reconnaissais pas. C’est comme si une partie de moi partait en vacances et laissait sa place à une autre partie que je détestais. Après une rencontre avec un psychiatre et dix séances chez un psychologue, le diagnostic est tombé : trouble de personnalité limite.

Crédit : Karianne Martel sur Olympus PEN-EE

Qu’est-ce que le trouble de la personnalité limite? Dans mes mots, je dirais que c’est un trouble qui fait que nous ressentons tout plus intensément, que nous pouvons changer de très heureux, à extrêmement en colère en une fraction de seconde. Que les émotions sont fortes, intenses, multiples. Que parfois nos agissements n’ont pas nécessairement de sens, que nous avons tendance à être excessif. Le trouble se caractérise par une immense peur de l’abandon et les comportements autodestructeurs sont fréquents.

Donc, voilà : un diagnostic. J’ai un trouble de la personnalité limite. Il a été forgé par les expériences que j’ai vécues, par les abandons ressentis. Mais, vraiment, moi, un humain hypersensible? Au secondaire, j’ai été élu Poker face. Je suis toujours celle qui n’a pas vraiment d’émotion. Je ne pleure jamais, je ne suis jamais hyper heureuse et on me dit que j’ai ce trouble? Difficile à accepter pour l’entourage qui ne nous voit que de l’extérieur. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’à l’intérieur, je bouille de rage, le stress me poignarde entre les poumons et que, parfois, j’ai tellement peur, mon corps se sert si fort que j’ai peine à respirer. Parfois, dans ma tête, j’explose, je pleure, j’hurle. Je cours jusqu’à ne plus sentir mes jambes. J’arrête de vivre. Mais rien ne paraît. Je suis de marbre, mon visage est sans émotions. Mes paroles coulent comme si tout allait bien.
Depuis ce diagnostic, je suis une thérapie. J’ai besoin d’aide pour apprendre à vivre avec ce trouble, avec lequel je me suis toujours battue. Je dois apprendre à pleurer, à vivre et à ressentir les émotions comme elles viennent, dans ma tête et dans mon corps. Malgré les préjugés, j’essaie de briser les tabous. J’essaie de ne pas avoir honte d’avoir ce trouble, d’en parler librement. Parce qu’au fond, malgré le fait que j’ai eu des diagnostics, que je sois TPL, TAG ou autre, je suis une personne à part entière et ils ne définissent pas qui je suis au fond. C’est sûr que tout ça influence en partie mes actions et mes décisions, mais, avant tout, je suis moi.

Je m’appelle Karianne. J’ai 22 ans. Je suis à l’université en design graphique. Je suis en couple. Ma famille se compose de deux chiens, deux chats, deux hérissons et un lézard. J’habite en appartement. Je travaille à temps partiel à travers tout ça. Je suis accro aux projets. J’ai un TPL et je suis en thérapie depuis un an et demi.

Crédit : Karianne Martel

Et puis? Ce n’est pas si pire que ca, non?

Crédit : Karianne Martel sur Olympus PEN-EE

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