C’est juste comme ça, je réfléchis parfois pis j’en arrive ici.
De toutes les émotions que je peux ressentir, une que je sais reconnaître très justement et réellement quand je la ressens, qui est sans contredit et sans doute, identifiée et identifiable, c’est la déception.
Tu pourrais me rendre heureuse 1000 fois, me faire sourire continuellement, me faire pleurer ou fâcher, y’a rien dont je vais aussi bien me souvenir que si tu me déçois.
La déception a cette force que peu d’émotions ont. C’est pur, ça fait vraiment mal. C’est pas temporaire : pas qu’on n’en revient pas, on en revient comme de tout, mais ça veut dire beaucoup, « être déçu ». Si tu me déçois, c’est que j’avais bâti envers toi (probablement à tort), une série d’attentes que je te croyais en mesure d’atteindre, de rejoindre, de satisfaire. Je croyais que cette confiance que je t’accordais suffirait à te convaincre de faire les bons choix et de prendre les bons chemins pour ne pas me décevoir; ce n’est pas toujours comme ça.
Mais tu vois, moi aussi je déçois les gens parfois. Moi aussi, les gens mettent des attentes irréalistes envers moi ou des espoirs non fondés dans ce que je peux faire. Et ça, ça me fait peur. Ça me fait peur de penser qu’assurément, à différents moments de ma vie, dans différentes circonstances, je déçois des gens que j’apprécie, que j’aime, que j’estime, que j’admire.
Mais à force d’avoir peur de décevoir, j’manque l’essentiel dans tout ça; rester vraie, fidèle à moi-même. Parce qu’en essayant de pas décevoir certaines personnes, on se ment peut-être à soi-même et on déçoit peut-être d’autres personnes qui nous connaissent mieux même que nous-même.
Parce que peut-être que dans la vie, vivre et être la déception, c’est beaucoup moins décevant que de tout faire pour l’éviter.
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