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De région à métropole : le plus bel endroit est ici

Je suis urbaine depuis deux mois. Je me promène sur St-Joseph, pis je vis un instant de lucidité. J’ai bougé. De 900 km vers l’ouest, avec ma maison sur mon dos. Toute ma vie dans ma carapace, ma Civic 2001. J’ai fait ça sans trop le réaliser vraiment.

On avait pris une bière de départ avec les collègues de l’Est avant que je quitte. C’était triste mais beau. Je me suis accotée au bar une dernière fois ; la nouveauté affichée sur le tableau a flashé : la « Carleton-Montréal », tout juste embouteillée. Signe : j’ai fait le bon choix, de bière et de vie.

Call it magic. Quand les briques (choses) se placent d’elles-mêmes, comme dans Tetris, après que le premier bloc soit placé. Celui-là est tombé en novembre : désir de changement. J’y ai cru très fort. Emploi affiché, postulé, entrevue, victoire. Nouvel appart tombé du ciel, qui s’est emboîté sur l’autre bloc. J’ai géré des ventes de garage le weekend, accueilli des gens qui ont vidé la maison de ses choses. Se libérer, laisser aller le matériel, mettre sa vie dans des cubes de cartons, leur donner des noms écrits sur du ducktape, garder l’essentiel et l’empiler pour faire un tout cohérent. Un tout qui me ressemble, ma tour de blocs à moi. Commencer à dire bye : à mes collègues, mes amis, la mer, la montagne, le chat de la rue que j’haïssais (mais que j’aimais dans le fond parce qu’il revenait toujours, LUI). Même si j’ai souhaité le plus sincèrement du monde ce changement, je dis pas que ça ne fait pas mal pareil. Quand on n’avance plus. Qu’on attend que les briques tombent et s’emboîtent (j’ai décidé d’être provocante et de les lancer à la place).

Un voyage de six ans dans l’Est s’est fini. Parce que je trouve ma stabilité dans le mouvement et le changement. Un longterm trip en région, ça ne met pas de stamps dans ton passeport, mais ça te fait sentir dangereusement en vie.

La Gaspésie, tu fais tellement de bien.

Tu enlèves toute résistance à aller à l’épicerie en suit de neige, en wet suit, en suit de plage, de course, de yoga, de crossfit. Pas en top de bikini par exemple (OUBLIE ça tout de suite).

La Gaspésie, t’es tellement belle. Tellement de choses y sont wonderful.

Courir au bord de l’eau (tu te sens comme en Californie), prendre une bière sur ton patio vue sur la mer, aller virer au quai, veiller à la Marina en se berçant, faire des feux de grève, aller se baigner sur son heure de dîner, y retourner à la fin de son shift à 5 h.

J’ai roulé dans les vagues d’une grande marée, du goémon sur mon windshield, pelleté jusqu’à vouloir faire un feu de camp avec ma pelle. Vu une baleine pas loin de mon kayak (vécu l’impression d’être dans National Geographic).

Les gens sont dynamiques, créatifs, authentiques. Ce sont des passionnés de plein air, de l’eau, de leur terre, de la vie. La nature nous remet le stress à la bonne place. M’a permis d’apprendre à sentir plus de douceur, et presque – pas toujours, à être zen. À respirer. À apprécier.

Merci la Gaspésie. Je dis pas que je ne pense pas à toi depuis que je suis en ville. Et depuis qu’il fait beau, j’ai le goût sans cesse d’une guédille au homard.

J’ai pas douté, fallait que je parte, même si. Tous ces souvenirs, ces landscapes de feu.

Il y a eu les irréductibles gaspésiens, qui m’ont dit qu’à Montréal, c’est trop gris, qu’il y a trop de béton, qu’on y respire mal. Ceux qui étaient heureux pour moi, de voir l’étoile dans les yeux, parce que le changement, l’aventure, la nouveauté, le mouvement. Les POSSIBILITÉS. Parce que la vie. Tu sais peut-être c’est quoi, avoir le profond désir de bouger pour rester groundé sur ton bonheur et connecté à la personne que tu es vraiment.

Les Gaspésiens m’ont dit que j’allais revenir, les Montréalais me disent que je vais rester.

Peu importe what is next, ça va toujours me faire penser à la Baie, l’odeur de l’eau salée, peu importe où je serai dans le monde. Même si je reviens pas.

La Gaspésie, c’est vrai que t’es un paradis. Mais il en existe PLEIN D’AUTRES ici et ailleurs. J’avais envie de vivre dans un autre paysage. J’ai eu les pieds en raquettes dans les sentiers, là je les ai sur l’asphalte, et j’en suis tout autant heureuse (même si tu penses que c’est moins charmant). Je ferme les yeux pour prendre du soleil des fois le matin, coin Bélanger / Viau. Tsé Montréal, pleine lumière, c’est beau aussi. Y’a des klaxons dans la rue, pis pour une seconde, des fois, je pense que c’est quelqu’un qui me connaît (niaiseuse. T’es pas sur le boulevard Perron). MAIS guess what? Dans la métropole, des fois, on met des FLIP FLOPS en AVRIL. J’hallucine.

J’ai reçu un colis dans la boîte postale #6 de mon bloc appartement hier. Un livre, de la part d’une amie merveilleuse de l’Est. « Le plus bel endroit du monde est ici ». Là où on se trouve. Parce qu’on est là, parce qu’on peut rendre cet endroit le plus beau. Parce que c’est le regard. Dans le fond.

La Gaspésie, pas que t’était pas fine, pas accueillante, pas belle. T’étais magnifique pis le monde aussi. Ce fût un long voyage, et sûrement un des plus mémorables.

Fin février, j’ai fait la 132 une dernière fois comme néo-gaspésienne, mon char chargé à bloc, mon bateau sur le toit, mes plantes écrasées dans les fenêtres parce que trop de boîtes, dans une tempête de neige. Road trip étrange, mais libérateur. Yeux plein d’eau de laisser tout ce qui m’a accueillie. C’est pas trop un punch, j’ai versé toutes les larmes salées qui me restaient sur la route pour Mtl. Dans le coin de la Vallée de la Matapédia, je me suis sentie comme en VOYAGE.

J’ai encore ce feeling d’être ailleurs quand je me promène in town. Des foules, des musiciens de rue, des conversations en punjabi, des cocktails fancy dans des verres fashion, des librairies (une pour chaque jour), de la diversité, de la création, des possibilités de. Des livres lus dans le métro, des parties de ping pong au parc, des tounes apprises au ukulele. Des pédicures entre filles (guess what, j’ai choisi sans savoir la couleur LOBSTER ROLL !!!), des cours d’escalade, d’espagnol, de tricot. Des milliers de visages différents croisés chaque jour. La même fille qui vend le café le matin. Les gens se sourient pareil. Ils vont dans la nature. Ils peuvent être zen. Ils vivent aussi dans un paradis, juste pas le même. Et les enfants dans mon bureau chaque jour restent merveilleux, en région ou ici.

Montréal, jusqu’à maintenant, t’es fine, t’es accueillante, pis t’es belle.

La routine, tu pensais que tu m’avais eue, quand je me suis mise à stagner. Non. J’ai arrêté d’attendre et j’ai lancé mes blocs de Tetris dans les airs. Ils retombent doucement, avec les semaines, en sol montréalais. Pour l’instant, j’aime pas mal la tour qui se construit. Puis un jour, elle deviendra une maison. Un jour.

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