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« Beau temps, mauvais temps
J’me suis rendue au port de notre ville d’antan
Convaincue que le temps venu tu viendrais me chercher
Pour qu’ensemble enfin on puisse repartir naviguer
Après avoir traversé tout un océan troublé
Pour découvrir chacun de notre côté
Le salut de la paix qui nous permettrait de se retrouver
Mon amour
Jour après jour
J’ai bravé cette longue route
Laissant bien loin derrière
Dans les brouillards d’hier
Le moindre de nos doutes
Demain toujours mêlée d’espoir je reviendrai
Malgré la peur de ne jamais te trouver »
Mais il croit en hier
Et tu crois en demain
Il vit dans le temps qui n’existe plus
Et tu vis dans le temps qui n’existe pas encore
Tu comprends alors qu’en ce moment
Le temps au présent ne s’éteint que tristement…
Et cette fois sur le chemin du retour
La tristesse de ton cœur a implosé
L’anxiété en a alors profité
Pour venir s’immiscer dans ton monde en couleur
Sans crainte et sans détour
Pour que contre l’espoir gagne la peur.
Sur une belle route illuminée, ton cœur se croit en plein été, le magnifique soleil reflète tes yeux marrons et illumine le logo de sa casquette. Les jours de congé sont arrivés et le vent qui effleure ton visage te fait sentir en sécurité, mais l’anxiété va s’assurer que ça ne s’ancre pas trop dans ton esprit.
Il ne fait pas si beau, ça fait longtemps que l’orage t’a rattrapé. Il pleut à boire debout et la route est plus glissante que jamais.
« T’es seule, il n’y a même pas de passager ! C’est ça la réalité, pas ce que tu veux t’imaginer.
Pis en plus, à quoi tu penses : tu roules à 120 km/h alors que tu n’es même pas attachée… Ne vois-tu pas le muret en plein milieu de la route ? Ta voie est fermée par les travaux en cours et toi, tu ne le vois même pas, trop occupée à rêver un monde qui n’existe pas. »
Et voilà que l’anxiété a créé le doute, ton cœur ne peut même plus percevoir que c’est elle qui a pris contrôle de la route, mettant sur le chemin tout ce qu’elle trouvera pour lui créer des accidents.
Tranquillement, elle commence à te fragiliser : tu ne seras jamais assez. Dans ce monde où le passé éteint le présent, dans un monde où des milliards de personnes effacent par la majorité l’importance de l’unique.
Ton anxiété s’emporte : « Si ça se voit, il ne t’a même jamais aimé. Tu te fais des scénarios depuis tout ce temps, mais j’le sais, moi, qu’il ne t’aimera jamais. » Avant de rajouter… « T’sais, si j’te ramène sur terre, c’est parce que je tiens à toi. » Ton cœur sarcastique rigolera et se dira : « C’est vrai qu’il vaut mieux croire qu’il se fout de toi, ce serait plus prudent. »
Mais en réalité, tout au fond de lui, ton cœur commence à avoir mal, il se laisse gagner peu à peu par l’anxiété.
Évitant de peu les travaux imposés sur sa route, il dérape, se laisse glisser, défonce la rambarde du pont et, entendant le bruit de ton char qui tombe à l’eau, il se laisse couler. Mais ton cœur veut tellement croire, il veut juste survivre assez longtemps pour enfin pouvoir vivre sans souffrir, il se débat pour remonter à la surface.
Une seule respiration lui suffit pour crier : « Arrête de raconter des histoires pour m’humilier », et il se fait recaler par les torrents de ton anxiété.
« Tu vois bien que t’es encore seule, il n’y a personne pour venir te sauver. » Bang, une autre vague en plein visage. Et comme dans un restant de murmure, on n’entend que l’écho du silence résonner dans ton cœur meurtri par l’absence.
Te réveilleras-tu un jour de ce mauvais rêve ? Ton cœur veut tant le croire, ton anxiété lui dit de s’étouffer dans sa dernière gorgée.
Dans ton cœur ne résonne toujours plus que l’écho du silence…
Alors de plus belle, ton anxiété
Elle s’amusera à déformer n’importe quelle de tes pensées
Car elle le sait que « tu n’as jamais été sur cette terre pour être aimée
Croire que oui ne finira que par te briser
Ce n’est plus l’heure de croire
Alors laisse tomber au fond de l’eau ta croix d’espoir. »
Dans le dernier souffle qui lui reste, dans la tristesse et la dualité, chuchotera alors ton cœur à ton anxiété: « Jamais… »
Pourtant, il semble que ton cœur se sente chavirer et tranquillement perdre son combat contre l’anxiété, car ces derniers temps, c’est elle, et tes peurs aussi, qui ont le dernier mot sur tes ressentis et tes pensées.