C’est ce temps de l’année : bientôt, plusieurs d’entre vous (nous) risquent de s’envoler vers le Sud pour fuir l’hiver qui n’en finit plus. Plusieurs iront dans des tout inclus, d’autres partiront peut-être en sac à dos. Tous vers le Sud, histoire d’avoir un peu de soleil et de chaleur. Plusieurs opteront sans doute pour les Caraïbes; d’autres, pour Cuba. Je ne pensais jamais aller à Cuba, car je ne suis juste pas vraiment une fille de plage… Mais Cuba, c’est justement plus que des tout inclus et des plages. J’y suis allée et c’est dans ces terres que j’ai découvert Santa Clara. J’avais envie de partager cette expérience avec vous. Parce que même en bookant un tout inclus, il y a possibilité de sortir du site et d’aller faire un tour en ville pour côtoyer les gens et partager un peu leur quotidien. Je crois que ça vaut la peine d’explorer l’autre côté de Cuba.
L’idée de partir à Cuba ne m’avait jamais vraiment traversé l’esprit. Tout ce que je connaissais de ce pays venait de ce que mes amies qui partent en tout inclus m’avait raconté : la plage, des drinks à l’infini, des Américains et des Canadiens saouls et trop bruyants. On s’entend que j’avais déjà quelques préjugés. En plus, trouvez-moi bizarre, mais je ne sais pas quoi faire sur une plage toute la journée. Notons ici que je suis blanche comme un drap 365 jours par année et que mon bronzage n’impressionne absolument personne.
Question de finances et toujours remplie d’une soif de l’inconnu (mon classique, c’est l’Europe de l’Est, un peu différent de Cuba t’sais), j’ai convaincu ma meilleure amie de partir à Cuba, plus précisément à Santa Clara, une semaine avec moi.
Après le vol le plus court de ma vie, soit 4 heures et quelques minutes, nous sommes débarquées dans un aéroport irrémédiablement orange où le regard des Cubains nous rappelait constamment que nous étions des touristes. Le trajet du petit aéroport de Santa Clara jusqu’au centre-ville fût une introduction enivrante et envahissante à la vie cubaine. La voiture se tortillait à grande vitesse entre les bicitaxis, les taxis-camions, les gens à pied, en vélo et les charrettes tirées par des chevaux. La musique cubaine à fond, nous roulions les fenêtres ouvertes. Le ciel était d’un bleu éclatant; la chaleur, enveloppante.
Nous avions trouvé une casa particulares, soit un logement chez l’habitant. La ville contient quelques hôtels, mais le concept des « hostels » ne semblant pas être très répandu dans les petites villes, nous avons choisi de loger chez l’habitant. Les casa particulares se trouvent d’ailleurs assez facilement sur Airbnb si vous n’avez pas envie d’un hôtel.
Vue sur la place Leonce Vidal à partir du théâtre
Les premières minutes ont été éprouvantes. Nous étions sollicitées de tous les côtés : taxis, arachides grillées, des « hola bonita! » et des vieilles dames qui quémandaient de l’argent pour manger. Nous nous sommes plutôt assises dans le bar du théâtre La Carida pour boire une bière et faire le point. Ce théâtre, situé au cœur de la ville, est devenu notre quartier général. Il faisait bon s’y asseoir, boire un verre sous le soleil tapant et regarder la vie se dérouler. C’était aussi le meilleur moyen de discuter avec les gens, semble-t-il.
À peine quelques minutes plus tard, nous étions en conversation avec le bar au complet : un homme canadien qui en était à sa trentième fois à Cuba, une touriste colombienne qui avait apporté une précision et qui s’était jointe à la conversation, un Torontois qui a de la famille à Cuba et qui était passé acheter du café au bar avec sa mère…
Nous y avons aussi rencontré des universitaires cubain.es prêts.tes à nous faire découvrir la ville ainsi que des espagnols.les en visite qui ont joint notre petit groupe. Ce sont ces mêmes gens qui nous ont invitées à manger chez eux, qui nous ont amenées boire les meilleurs piña colada de Santa Clara et qui nous ont sorties au mythique club El Mejunje pour aller danser.
Plusieurs fois, nos nouveaux.lles amis.es étaient surpris.es de croiser des touristes dans la ville et non au bord de la mer. Plusieurs fois, on s’est fait saluer ou crier « gringas! » de loin. Plusieurs personnes étaient extrêmement sympathiques; d’autres, un peu lourdes; certaines, simplement désagréables. Mais pour la majorité, j’en conserve un bon souvenir. Nous avons découvert autre chose que la mer et la musique. Nous avons découvert, au fil de conversations dans un espagnol mal assumé, un peuple fier qui ne demande qu’à raconter son histoire. On a parlé de système de santé, de système scolaire. Du taux de criminalité et de la difficulté de voyager avec un passeport cubain. De cartes de rations (encore effectives, oui oui) et de la différence entre l’argent des touristes et des mieux aisés (le CUC) et celui des autres (le peso).
Et malgré tout, nous avons découvert des gens qui étaient allés s’installer ailleurs pour mieux revenir dans le pays de Fidel et du Che.
Le site du Tren Blindado
Seules, nous avons exploré ce que la ville avait à offrir : le Musée des Arts décoratifs, une maison meublée avec des antiquités datant de différentes époques, venant de pays différents, importés par la bourgeoisie de Santa Clara. Les critiques sur Trip Advisor sont médiocres et pourtant, sans être un endroit extraordinaire, c’est un petit oasis de paix dans la ville et la visite est assez intéressante!
Nous sommes également allées explorer le lieu de mémoire extérieur dédié au Tren Blindado, un déraillement de train qui a assuré la victoire du Che sur l’île, y trouvant au passage une exposition temporaire d’un artiste local. Localisée dans un wagon de train, c’est une partie intéressante de l’histoire à découvrir.
La dernière demeure du Che
Nous avons notamment visité la dernière demeure du Che, qui se trouve dans la ville et qui comprend aussi un musée expliquant l’histoire de sa vie. Si cette expérience vous tente, vaut mieux se lever tôt! La file est longue… Nous avons aussi exploré les restaurants car, plutôt fans habituellement de se faire nos propres repas, l’option n’était pas disponible. Il est bon à savoir que les épiceries ne contiennent qu’un certain type de denrée et que dans la petite ville, les mets déjà prêts hors des restaurants sont difficiles à trouver.
Nos soirées, nous les avons quasi toujours passées au bar du théâtre ou assises dans les marches devant. Nous écoutions un groupe de musique reprenant les grands classiques du Buena Vista Social Club, un verre de rhum à la main…
Santa Clara est un endroit tranquille, où la vie se déroule autour du parc Leonce Vidal. Une ville chargée d’histoire, le dernier lieu de repos de Che Guevara.
Nous sommes parties comme nous sommes arrivées : dans une voiture à la sécurité douteuse, en roulant à trop grande vitesse au travers des piétons, des vélos et des charrettes. La musique à fond pour retourner vers le petit aéroport orange.
Et une fois en attente du départ, je me suis dit que même si je m’étais un peu chicanée avec mon estomac cette dernière semaine, même si il faisait trop chaud, même si parfois j’en avais marre des catcalls dans la rue, j’y retournerais. N’importe quand. Et si je ne vois pas la mer, eh bien tant pis.
Source photo de couverture
Crédit (4 photos) : Laurence Aylwin-Lefebvre