J’aime bien me faire brasser la cage avec des idées nouvelles, des idées qui décoiffent un peu, qui remettent en question mes croyances et mes habitudes. Je raffole du choc des idées dans une discussion, des débats animés et intelligents. Je m’excite quand on aborde des tabous, qu’on parle cru et qu’on va au fond de notre pensée. Quand on ose s’aventurer pour de vrai en terrain risqué, qu’on arrête d’avoir peur de ce que les autres vont penser de nos opinions, ça donne toujours quelque chose d’intéressant.
Ça donne, entre autres, Les luttes fécondes de Catherine Dorion.
Crédit photo : Sarah B Delisle
Cet essai, ma plus récente lecture, m’a carrément jetée en bas de ma chaise. L’auteure y exprime l’importance de libérer le désir en amour et en politique, un propos des plus inhabituels et, surtout, des plus intéressants. Cette lecture, c’est un uppercut pour ma tranquillité d’esprit, mais un soulagement pour ma petite flamme intérieure.
J’ai des désirs, mais je les gère comme la majorité du monde. Soit je les refoule par souci de conformité, soit je ne sais pas quoi en faire. Suite à cette prise de conscience, je me suis mise à remettre en question nos construits sociaux les plus solides et mes désirs vis-à-vis de ceux-ci. Le couple, le travail, la stabilité, le confort qui ronronne dans notre vie… Des schémas qu’on reproduit presque automatiquement. Des sujets dont on dit toujours les mêmes affaires, ou presque. Parce que ça serait choquant, cru, bizarre, insensé d’en penser autre chose. Mais je l’ai dit, j’haïs pas ça qu’on me secoue un peu les idées.
Voici donc un petit aperçu de mon débat de conscience en ce qui concerne le désir en amour et dans la vie professionnelle.
Uppercut # 1 : Et s’il n’y avait rien de condamnable dans le fait de désirer d’autres personnes que son chum ou sa blonde?
Je te vois venir avec ton regard chargé de reproches…
— Aye, ma courailleuse, toi là…
Oh là, le jugement! Attends un peu, laisse-moi don’ parler.
Le désir, lorsqu’il est partagé, c’est beau. C’est une richesse. C’est une chimie palpable, forte et intense. Qui ne l’a jamais ressenti? La nature nous a ainsi faits, capable de nous désirer les uns les autres. Le désir se manifeste, hors de notre contrôle, naturellement, tout simplement. Il ne se présente pas uniquement aux personnes célibataires. Il arrive qu’il se présente lorsque deux (ou plusieurs) êtres communiquent entre eux, peu importe leur situation. Ne mélangeons pas les choses. Il ne s’agit pas d’amour romantique. C’est juste l’amour de l’autre, à sa plus simple expression. C’est une force qui vient des entrailles, qui ne demande qu’à s’exprimer librement. Non, essaye pas, tu sais très bien de quoi je parle.
Mais voilà, l’être sociétal et endoctriné que nous sommes devenus nous amène-t-il à tout compliquer?
En quoi ce désir pur et partagé est-il condamnable?
Au nom de quoi le refoulons-nous?
Ne faisons-nous que nous créer des frustrations à force de toujours le bâillonner?
Laisser libre cours à cet élan primitif serait-il essentiel à notre bonheur?
Et si nous remettions en question le concept d’exclusivité en amour? Il faudrait peut-être arrêter de penser que la vie est une comédie romantique bidon ou chacun trouve sa chacune, merci bonsoir. Accepter que nous ne soyons pas toujours le seul et unique désir de notre compagnon de vie, parce que c’est contre notre nature.
Quoi? Ça te choque-tu? T’as le droit. Mais je pense avant tout que c’est faire preuve d’une belle ouverture d’esprit que de se questionner sur ces concepts.
Uppercut # 2 : Et si la stabilité d’emploi, c’était de la merde?
Un poste permanent de 9 à 5 du lundi au vendredi. Voilà l’objectif de plusieurs. Pourtant, une fois cet objectif atteint, il n’est pas rare que la dépression nous attende dans le détour. Pourquoi?
Peut-être fais-tu partie de cette majorité de gens qui ne savent pas ce qui les passionne dans la vie. Est-il normal de ne pas savoir ce que nous aimons, que nous ne ressentions du désir pour rien? Ce sentiment n’est pas sain et il est malheureusement trop commun.
L’actuel monde du travail est abrutissant, réducteur, étouffant. Il nous accapare au point que l’on se perd de vue soi-même. Est-ce parce que nous avons laissé tomber nos passions au détriment d’un emploi qui nous assure une stabilité, certes, mais pas le bonheur?
Quel sens pouvons-nous trouver à notre vie si nous ne faisons qu’attendre le vendredi toute la semaine?
Que se passerait-il si nous osions tout plaquer pour un emploi hors du commun, qui nous permette de voyager, peindre, écrire, cuisiner… vivre?
Dans son livre, Catherine Dorion aborde brièvement la frustration qu’elle a ressentie lorsqu’elle tentait de trouver sa place dans un marché de l’emploi qui ne concordait pas avec son profond désir de vivre. Malgré que ce ne soit pas le propos principal, ce passage m’a profondément touchée.
Plusieurs associeront ces questionnements à de la paresse ou à de l’immaturité. C’est ce qu’on essaie fortement de nous faire croire. Moi, je trouve qu’ils sont une manifestation de l’audace et de l’intelligence. Les plus courageux osent, les autres se résignent et, un jour, regrettent. T’sais, j’dis ça de même, là, mais elle a peut-être raison, Catherine Dorion. Le bonheur, si tout le monde court après sans jamais le trouver, c’est peut-être parce qu’il n’est pas là où on le cherche d’habitude. Et s’il était en dehors des cadres?
Toi, t’en penses quoi?
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