Le 24 mai 2018 marque le 100e anniversaire de l’acquisition du droit de vote fédéral pour les femmes. Pour le mouvement féministe, c’est, bien évidemment, un jour à célébrer, mais ç’en est aussi un où l’on doit se rappeler que ce ne sont pas toutes les femmes qui ont reçu ce droit.
Techniquement, les femmes du Canada ont pu voter au pallier fédéral pour la première fois en 1917, afin de permettre aux épouses, aux filles, et aux sœurs d’hommes servant dans les Forces canadiennes pendant la Première Guerre mondiale de voter au nom de ceux-ci. Cette mesure était temporaire, et ce n’est que le 24 mai 1918 que les femmes âgées de plus de 21 ans et répondant à certains critères ont enfin obtenu le droit de vote. En d’autres mots, les femmes blanches ont finalement acquis ce droit.
Effectivement, pour les femmes asiatiques, les femmes provenant de l’Inde et les femmes amérindiennes, ce droit est venu beaucoup plus tard. C’est en 1947 que le droit de vote s’est étendu aux hommes et aux femmes de descendance chinoise et de l’Asie du Sud, en excluant ceux de descendance japonaise. En 1948, la loi a finalement changé afin d’interdire la discrimination selon la race pour d’obtenir le droit de vote, mais les communautés amérindiennes étaient toujours exclues.
En effet, les femmes amérindiennes – avant d’obtenir le droit de vote inconditionnel – pouvaient voter au même titre que les femmes blanches, à condition qu’elles renoncent à leur héritage et à leur statut amérindien. Bien évidemment, la grande majorité n’exerçait pas ce droit, préférant conserver son patrimoine. La communauté inuite a été la première des Premières nations à obtenir le droit de vote fédéral en 1950, mais n’a pu l’appliquer qu’en 1962, lorsque des boîtes de scrutin ont finalement été disponibles au sein de cette communauté plus isolée. Les Amérindiens ont, quant à eux, obtenu le droit de vote en 1960.
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En passant, le Québec a été la dernière province à accorder le droit de vote aux femmes en 1940, quinze ans après l’avant-dernière à le faire. La province a aussi été dernière à accorder ce droit aux Premières nations en 1969, il y a 49 ans.
Le 24 mai est donc une journée de laquelle nous pouvons nous réjouir, car elle marque le début de l’acquisition du droit de vote pour les minorités, mais ne traitons pas cette journée autrement que ce qu’elle est, c’est-à-dire une victoire pour les privilégié.e.s. Célébrons, mais n’oublions pas que pour du vrai changement, tous doivent en bénéficier.
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