Cela fait un peu plus de deux semaines que l’état d’urgence a été déclaré au Québec par le Premier ministre François Legault. Depuis ce moment fataliste, M. Legault se présente devant tous les Québécois.es quotidiennement pour parler des mesures en place ou de celles à venir, tout en en profitant pour donner des conseils et rassurer. Cette communication politique permet de porter un contrôle sur la population et de faire un appel collectif à la menace que représente ce virus pour la société québécoise. Ainsi, il met l’accent sur les tactiques à prendre individuellement afin d’éradiquer la maladie de manière collective. Après tout, quand nous travaillons en solidarité, ensemble, nous pouvons accomplir de grandes choses.
Et cet appel a été entendu. Dans les fenêtres et accrochés sur des poteaux, on voit des arcs-en-ciel et des « ça va bien aller ». Sur les réseaux sociaux, on appuie continuellement nos héros du secteur de la santé, docteurs, infirmières et tous les travailleurs essentiels qui bravent les risques de contamination. Le sentiment nationaliste québécois renaît, même. Le confinement a complètement changé les perceptions; même si les Québécois.es ont débuté la crise en panique, tous ont délaissé leur petit train-train quotidien et interrompu leurs vies pendant quelque temps pour se concentrer sur quelque chose de plus grand. D’encore plus grand qu’eux. Une lutte commune.
Présentement, la planète semble tourner au ralenti. Les gens ne voyagent plus, tout le monde est coincé chez soi, seul ou en famille, victimes d’anxiété et de peur, se sentant menacés par ce phénomène intangible, inconnu et éphémère. Partout dans le monde, alors que nous sommes habitués à vivre à pleine vitesse, il y a un freinage de l’activité économique (pour le meilleur et pour le pire). Les entreprises ne fonctionnent plus à plein régime, les usines ne polluent plus, les eaux sont plus bleues que jamais elles ne l’ont été, les forêts peuvent enfin respirer, et la faune et la flore ont enfin l’occasion de régénérer. Les humains profitent de ce temps interminable pour enfin réaliser toutes ces choses qu’ils ont mis de côté. N’importe quelle activité est bonne pour passer le temps : dessiner, reconnecter, lire un livre, décorer, jouer, se ressourcer, écrire, cuisiner pour découvrir de nouvelles recettes, dormir…
Au final, cette période de confinement nous permet de nous remettre en question en tant qu’individu vivant dans une société soudée. C’est dans une crise sanitaire comme celle que nous vivons en ce moment que nous réalisons à quel point nous sommes interreliés et que nos gestes, même les plus personnels et intimistes, peuvent avoir un effet sur le bien-être de la collectivité.
Par exemple, c’est avec l’arrivée du coronavirus partout dans le monde que nous avons commencé à remettre en question notre économie capitaliste dans un contexte de mondialisation. Le satané virus qui s’est diffusé à l’échelle planétaire a été le phénomène que tout le monde attendait pour faire réaliser aux sceptiques que notre modèle n’est pas viable. Le krach boursier de mars est la preuve de la fragilité de notre système économique global.
Puis, nous avons été plusieurs à faire un lien entre pandémie et crise climatique. La santé et l’environnement sont deux sphères qui doivent être traitées de manière collective. C’est du devoir de tous de prendre en charge cette responsabilité que nous tenons envers le bien-être de la société entière. Tout comme avec le coronavirus, il est impossible de se dire « ce problème ne me concerne pas » ou « je ne peux rien y faire et mon action individuelle ne changera rien ». On doit tous faire preuve d’une responsabilisation rapide et réelle à rester chez soi afin d’éviter de participer à une transmission communautaire du virus. Nous avons vu dans les derniers jours les conséquences positives d’une pensée collective, car même si les chiffres ne font que monter, les proportions restent basses et nous suivons l’aplatissement de la courbe.
Les changements climatiques bouleversent l’équilibre mondial à travers la détérioration accélérée de la nature, l’approfondissement des inégalités et en même temps, la vie et la santé de nations partout dans le globe. Les autorités demandent que nous soyons responsables en cette crise sanitaire, alors que nous sommes également en pleine crise climatique. Pourquoi donc ne pas instaurer des mesures draconiennes dans ce second cas, alors que le système collectif y est tout aussi en danger? L’application de ces mesures dans un contexte de pandémie démontre que nous pouvons procéder de la même manière face à la crise climatique actuelle. Arrêtons de vivre dans le déni.
Nous devrions toujours penser à notre prochain et aux générations futures, peu importe la raison. Après tout, nous voulons que tout le monde soit en santé : c’est dans le meilleur intérêt de tous que de travailler ensemble, pour la collectivité.
#ÇaVaBienAller
Par Claudie Arseneault
Source photo de couverture