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Je dis souvent que j’haïs le monde. Pis quand je le dis, c’est assez senti, genre : « Crrrrrisse que j’haïs le monde ! » Mais en fait, je crois que je suis une personne profondément humaine. Quand je dis que j’haïs le monde, ce que j’essaie de dire, en fait, c’est que ça manque d’amour. Ça manque d’amour, partout, tout le temps. Ça manque de doux.
J’en veux pour preuve cette fois où, en me rendant à un cours de yoga, une femme en a vertement insulté une autre. Raison des insultes : un stationnement en parallèle plus ou moins bien réussi. Si la Femme Insultée s’était stationnée deux pieds plus en avant, la Femme Insultante aurait pu se stationner derrière elle. J’ai retrouvé la Femme Insultante dans mon cours de yoga. Elle performait chaque pose avec un visage serein, comme si rien ne s’était passé, comme si elle n’avait pas été une mauvaise humaine dix minutes plus tôt.
J’en veux pour preuve cette fois où j’étais avec ma mère et ma belle-sœur dans le stationnement d’un McDonald. Ma belle-sœur a dû déplacer l’auto pour réussir à asseoir mon neveu dans son siège d’enfant. Une conductrice fâchée s’est mise à crier parce que notre manœuvre l’empêchait de quitter le stationnement du McDonald. À quel point faut être pressé dans la vie pour s’impatienter des trois minutes nécessaires à la sécurité d’un enfant ?
J’en veux pour preuve cet employé du Marché public de Sainte-Foy qui s’est fait agresser par un homme qui refusait de se désinfecter les mains. Je ne comprends pas comment on peut se lever le matin en se disant qu’on ira acheter de bons légumes bio pis ah tiens, en passant, je vais cogner un enfant de 14 ans parce que MoÉ, La PanDéMIe, J’CroIs PO à çA !
J’en veux pour preuve ce groupe Facebook privé dont je fais partie. Une Madame Fâchée a communiqué avec les fondatrices du groupe pour les avertir qu’elle était en train de photocopier leur livre intégralement et qu’elle distribuerait des PDF à tout vent. Pour ton information, Madame Fâchée, c’est pas juste méchant, ce que tu fais, c’est criminel.
J’en veux pour preuve Breonna Taylor et Botham Shem Jean, qui ont tous les deux été abattus par des policiers. Au-delà du problème évident de racisme, y’a quand même un maudit boutte à tuer des gens dans leur domicile alors qu’ils ne sont pas armés.
J’en veux pour preuve tous les commentaires dégueulasses distillés partout sur les réseaux sociaux. Une femme qui met une photo d’elle avec des poils ? « Grosse crisse d’écœurante », « T’es dégoûtante, tu devrais aller te pendre », « Esti de grosse vidange sale ». Sérieux ? T’es-tu seulement relu ? Ne crois-tu pas que tu overreact un brin ? Que diraient tes parents s’ils pouvaient te lire ? Que dirais-tu de lire ces mêmes mots écrits de la main de ton enfant ? Que dirais-tu de lire ces mêmes mots écrits au sujet de ta mère, de ta fille, de ta sœur ?
Je n’arrive pas à déterminer à quel moment on a kind of perdu un peu de notre humanité. À quel moment on a décidé que c’était correct de se traiter de la sorte entre humain.es ? À quel moment on a décidé que c’était je contre le monde?
Ce que je sais, par contre, c’est que le monde se porterait bien mieux si on y mettait un peu plus d’amour.