Je pensais que c’était le printemps. De mon appartement, le soleil rayonnait comme jamais. J’avais le goût de sentir ses rayons sur ma peau. Sa chaleur sur mon corps. Donc, en ce dimanche après-midi de mars, je suis allée faire une promenade sur la rue Cartier.
À mon plus grand désarroi, le soleil s’était trouvé un compagnon. Le vent. Mais pas n’importe quel, le vent froid qui traverse les fibres de ton manteau et qui vient se coller sur les pores de ta peau. J’étais fâchée après le printemps.
Histoire de me venger de lui et de sa fausse chaleur, je me suis dirigée vers le Musée national des beaux-arts du Québec, afin de m’y réchauffer, mais surtout pour y déguster de l’art. La programmation me proposait une exposition photo du célèbre chanteur canadien Bryan Adams. L’homme connu pour ses plus grands classiques, tels que Summer of 69, Here I Am et Everything i do, offre une galerie de portraits, sous deux « thématiques » différentes.
La première thématique est « les personnalités connues». Dans une moitié de salle, on retrouve les visages de célébrités connues partout dans le monde, en passant par Amy Whinehouse, Sean Penn, Pamela Anderson, Kate Moss, Michael Shannon, Isabella Blow, Mickey Rourke, La Reine Elisabeth II et Billy Idol. Ceux-ci se retrouvent souvent dans un contexte déterminé, mais rempli d’émotions totalement ressenties et naturelles. Bryan Adams révèle dans ses photographies la personnalité et la sensibilité à fleur de peau de ses modèles. La plupart des photos sont en noir et blanc. Souvent, le grain de photo est accentué, ce qui donne beaucoup de textures et de vie aux clichés. Parmi les photos des célébrités, on retrouve deux photos d’itinérants de Londres. Adams a créé un effet flou autour de leur
visage ce qui nous rapproche davantage du personnage et de ses émotions et nous amène aussi à fixer les moindres détails. Un petit détail qui vient dérangé, mais qui pique la curiosité. J’ai été particulièrement charmé par celles-ci :
De l’autre côté des photos des célébrités, une ambiance tout autre m’attendait. À travers une vingtaine de photos, Adams cherche à révéler la détermination et l’engagement exceptionnels de soldats britanniques. Des combattants avec des séquelles physiques graves, en passant par l’amputation et les brûlures intenses. En plus de ces séquelles importantes que tout humain peut percevoir, Adams nous permet de voir et vivre, à travers ses photos, les séquelles psychologiques de chaque soldat. Oui, évidemment l’amputation et les brûlures sont des phénomènes choquants voir bouleversants, mais les émotions dans le mouvement du corps et les regards mouillés sont tout aussi percutants. J’ai eu beaucoup de mal à rester de glace devant cette vérité dérangeante. Souvent, nous fermons les yeux sur ceux qui sont encore en vie…mais l’exposition ne le permet pas cette fois-ci.
Je dois avouer que dans cette exposition, j’ai non seulement été bouleversée de découvrir que plusieurs personnes, hommes ou femmes, étaient blessées à la guerre ou en entraînement militaire, mais j’ai aussi découvert que la plupart d’entre eux sont de ma génération. Ça fait encore plus mal…
Je vous conseille fortement de découvrir ce talent méconnu de Bryan Adams. Comme l’a si bien dit Ingris Sischy de Vanity Fair : Nous savions que Bryan Adams avait une voix. Maintenant qu’il porte le chapeau de photographe, nous savons désormais qu’il a l’œil.
L’exposition sera au Musée des beaux-arts du Québec jusqu’au 14 juin prochain. Allez y faire un tour lorsque le printemps se fera moins beau ?
Bonne soirée!