Crédit photo : Isabelle Wenzel
J’ai toujours cru que je prendrais un break entre le cégep et l’université. En fait, au départ, je pensais juste pas aller à l’université. Je pensais qu’après mon DEC, je me trouverais un job dans mon domaine. Je pensais que ça me tenterait.
Mais je suis saturée de tout ce que j’ai appris, même si j’aimais beaucoup ça. J’ai une écoeurantite aiguë. Chaque fois qu’on m’en parle, j’ai le coeur qui lève pis je suis étourdie pis j’espère m’évanouir au plus sacrant. Fait que je voulais prendre un break après mon DEC pis juste me trouver réellement.
Vous savez, comme ce qu’on entend de tout le monde, surtout ceux qui sont partis en voyage loin loin parce qu’ils ont plus d’argent que toi parce qu’ils ont économisé, eux, parce qu’ils sont plus motivés et/ou disciplinés, parce que ce sont de meilleures personnes que toi. Fait que je voulais partir, ou rester, je sais plus. Mais je voulais prendre un break de survivre pour vivre un peu pendant que je suis encore en forme. Parce que je vais pouvoir vivre après l’université, mais j’aurai pu 20 ans.
Sauf que si j’arrêtais l’école pour 6 mois ou plus, bin fallait que je me mette à rembourser mes prêts pis je suis pas prête. Je viens de me prendre un appartement pis je travaille à peine, parce que j’hais ça pour mourir travailler… c’est tellement de temps que je pourrais mettre dans des projets pis que je vends pour presque rien à du monde qui s’en met plein les poches. Fait que, j’ai pris mon appartement juste derrière l’uni pis je me suis inscrite à la session d’automne dans un programme où j’ai plus ou moins les cours requis, pis encore moins l’expérience requise.
Mais j’ai été acceptée.
Y’en a qui pourrait croire que les profs ont vu en moi un espoir, un talent inné ou je sais pas quoi. Ce serait beau, mais c’est pas ça. En tout cas, je leur souhaite pas parce qu’ils vont être déçus. Mais j’ai vraiment envie d’y aller, j’aime vraiment les cours que je vais avoir et tout. Sauf que j’angoisse. Je peux pas croire que je suis rendue là.
Les gens qui m’entourent non plus ont pas l’air d’y croire, de ce qu’ils me disent. Je sais que la plupart des gens qui tiennent à moi ont peur que je lâche ou que je trouve ça dur, alors ils me disent tout de suite de m’atteler parce que ce sera pas facile pis blablabla. Mais on va mettre quelque chose au clair, OK? J’ai pas besoin qu’on me le rappelle. À part me démotiver tout de suite pis me mettre dans tête que vous croyez pas en moi, ça fait rien. Rien de positif, en tout cas.
(C’est drôle, han, on dirait que les gens croient que nous faire peur, ça nous motive. Sérieux, si vous croyez ça, je vous le dis, c’est de la boulemarde. Ça me donne surtout pas envie de recommencer mes activités de peur d’échouer.)
J’ai pas besoin qu’on me le dise que vous pensez que je vais lâcher après la première session. En plus, j’ai jamais rien lâché, ça fait que eille!!! Pis de toute façon, c’est pas grave de lâcher, c’est bien mieux que d’endurer quelque chose que t’aimes pas. Et j’ai pas besoin qu’on me le dise que vous, vous auriez pas fait ça, si vous étiez moi, parce que vous, vous avez fait les cours requis pis vous pensez que je vais rusher.
Sous-estimez-moi pas, sainte mère de Dieu, c’est mon job pis je le fais très bien jusqu’à maintenant!
Heureusement qu’il y en a qui me disent des beaux mots doux pour me réconforter. Pis par beaux mots doux, je veux pas dire des magnifiques mots comme « nonobstant » ou « arborer ». Non, je veux dire des mots encourageants genre : « Inquiète-toi pas, moi j’ai trouvé le cégep ben plus rushant que l’université. »
Ça, ce sont de belles personnes pis il faut s’en entourer. Même si elles sont en train de te mentir, l’important c’est que toi tu y crois, que ça allume une flamme à l’intérieur de toi, pis que ça devient la torche olympique de l’estime de soi. Pis aussi que tu t’en serves pour brûler tes ennemis qui voudraient te faire croire que tu peux te noyer sur la plage, même si tu touches pas à l’eau.
Fait que c’est ça, l’université, ça me fait peur, mais vous m’aurez pas. J’ai toujours eu peur de toute pis je suis encore là, donc je vais passer au travers de ça itou.
Au pire du pire, vous allez me voir au show de la rentrée, pis grâce à ma petite flamme olympique, j’aurai pris feu dans l’alcool. Vous viendrez me dire bonjour.
Bonne rentrée les jeunes!