Je suis pas une fille qui prend ben ben soin d’elle, au grand désespoir de ma maman-coiffeuse-cosméticienne.
Je me coiffe pas, parce que je considère que la nature fait bien sa job. Je me maquille pas non plus parce que, plus je mets de maquillage, plus j’en ai besoin. Même qu’à l’école, même si j’étudie en mode, je me fous pas mal du linge que je porte parce qu’à la machine à coudre, tu peux pas te permettre d’être inconfortable.
Ça fait que mon ami préféré, Gaygoire (A.K.A Greg Maisonneuve) me lance assez souvent que j’ai l’air d’une « boutche ». Ça me dérange pas parce que je le sais que je suis sa « boutche » préférée. Je le sais parce que je suis la seule qui partage son lit après lui avoir emprunté du linge pour sortir sur St-Joseph. La seule, là, c’tu clair, Greg?
Je suis sérieuse : je fais vraiment dur. Je suis la fille qui porte des tuques pis des tricots de mémé pendant la fin de session parce que me doucher demande trop de mon temps et que je ne peux pas empiéter sur les quatre courtes heures de sommeil qui, malgré leur insuffisance à me revigorer, réussissent à me faire des dreadlocks. Je suis la fille qui se prépare pas avant une première date parce que dans la vie, je suis moche, et je veux pas faire de fausse publicité. Je porte d’ailleurs pas de brassière pour la même raison.
Les gars savent à quoi s’en tenir.
Tout ça pour dire que, non, je suis pas le genre de fille qui se rase ou s’épile sur une base régulière. Généralement, les gens passent pas de commentaire là-dessus. Je pense même qu’ils s’en rendraient pas compte si je le disais pas ouvertement. Je me rase presque jamais les jambes, je fais mes aisselles quand j’ai un événement relativement important ou juste quand ça me plaît. Pour ce qui est du reste, c’est pas vraiment de vos affaires. Mais, vous savez quoi? La vérité c’est que peu importe où se situe mon poil, c’est vraiment pas vos affaires.
Le problème, c’est que ça rend les gens mal à l’aise. C’est drôle, hein? Mon poil à moi, qui pousse sur mon corps à moi (mon corps, la seule chose qui est vraiment la mienne) fait ressentir du dégoût à des gens qui ne sont pas moi.
Je le comprends pas, moi, le malaise avec le poil. Il est pas écœurant, mon poil. Il est pas plus sale que celui de ton copain. Il a encore sa place sur mon corps, mon poil.
Le poil, c’est pas juste une affaire de gars, t’sais. Si c’en était une, les filles en auraient pas, c’est aussi simple que ça. Je comprends parfaitement que certaines filles le rasent, c’est une préférence. Ce que je comprends pas c’est que ce soit rendu un standard de le raser. Que ce soit rendu bizarre pour une fille d’avoir du poil, alors qu’à la base, c’est normal.
Ce que j’aime pas, non plus, c’est que la tendance des jambes et aisselles chauves, ça part d’une publicité de rasoir qui proposait aux femmes de se raser. Et que la tendance du pubis chauve, ça part des films pornos.
C’est vraiment pas une fierté d’adhérer à une mode qui part d’une compagnie qui veut faire de l’argent avec toi ou d’une industrie qui te met des idées dans tête, comme si la porno, c’était la réalité.
Ce que j’aime encore moins, c’est que les jeunes filles en pleine puberté passent leur temps à se faire dire que c’est pas correct d’avoir du poil. Que ce soit dans les magazines, sur les blogues ou à Code F., on leur enseigne, en passant par des personnalités connues, que le poil c’est dégueu, et qu’il faut en avoir honte.
Non. C’est pas vrai. C’est pas dégueu. C’est pas honteux. C’est une partie de toi. Tu fais ce que tu veux avec, mais assure-toi que c’est vraiment ce que tu veux avant de t’en débarrasser.
Parce que je me fais souvent dire que c’est pas beau.
Et jamais le poil de quelqu’un a altéré sa beauté.
Pis parce que je me fais demander ce que mon copain en pense.
Et jamais, dans mes raisonnements, ça a été question de lui. C’est mon poil, c’est pas le sien. S’il m’aime vraiment, il va m’aimer avec pis il va m’aimer sans.
Et surtout, quand je montre aux gars mes jambes pas rasées depuis 1 an pour leur démontrer que ça me rend pas laide, ils me disent tous sans exception : « C’est pas être poilu, ça! », et ils remontent leurs pantalons pour le soutien visuel.
Quand mon amoureux me flatte les jambes, il se rend pas vraiment compte qu’il touche un peu de poil.
Alors, déjà qu’il faut pas le faire pour les gars, faut dire que généralement, les gars, ils en ont rien à faire.
Fait que, c’est ça, peut-être que je me répète un peu mais, dans ma tête, le point est fait. C’est mon poil, c’est mon choix, c’est mon corps, pis c’est normal. Belle, ça rime avec « pouèle » aussi.
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