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À Noël dernier, le grand-père de mon conjoint nous parlait de sa nouvelle flamme. Je dis nouvelle, mais apparemment, ça fait plusieurs décennies qu’ils se connaissent et qu’ils se tournent autour, même si ça n’avait jamais abouti à quoi que ce soit. On lui a demandé pourquoi il avait attendu si longtemps avant de faire le grand saut, lui qui était divorcé depuis si longtemps. Il nous a dit que le fait qu’il ait des enfants l’a coupé dans son élan, ne voulant pas mettre le poids de tout ce que ça implique sur le dos de celle qui aurait été la « belle-mère ». Il ne voulait pas non plus l’empêcher d’avoir sa propre vie et ses propres enfants…
J’ai regardé autour de moi à la table : nous avions toutes l’air perplexes.
Elephant in the room.
Nous étions trois femmes devant lui, toutes trois conjointes d’hommes qui étaient déjà pères bien avant qu’on ne les rencontre. Toutes trois incertaines de ce qu’était vraiment l’enjeu ici. Pourtant, ce n’était pas le premier à me faire part de ce genre d’inquiétudes, mais c’était le premier à vraiment le formuler comme ça. Habituellement, j’avais plutôt droit à un « Ayoye, moi je ferais jamais ça! » de la part de mes amies.
C’est là que j’ai pris conscience que les gens ont tendance à voir ça comme une énorme montagne à gravir. Une montagne mystérieuse, pleine de choses inconnues. Pis évidemment, ce qu’on ne connaît pas nous fait peur…
J’ai choisi aujourd’hui de laisser parler trois femmes qui occupent ou ont occupé une place importante dans la vie de l’enfant de leur conjoint :
Belle-mère #1
Je suis devenue belle-mère à 30 ans. Ça a été vraiment difficile au début. Je n’étais pas prête à ça. Je savais pas quoi faire, quoi dire, comment agir, quand être autoritaire. C’est une recette vraiment difficile à concocter. Ce que j’ai retenu de ce rôle, c’est que c’est justement une recette difficile à faire, mais le résultat en vaut la peine. Il faut toutefois que tout le monde mette la main à la pâte. Le plus difficile? L’adolescente. C’était tellement difficile dire un « je comprends pourquoi tu agis comme ça, j’ai passé par là, mais ç’a a pas de bon sens. Refais pu ça, mais écoute JE COMPRENDS HEIN! »
Le rôle de la belle-mère dans les contes de fées accumule les mauvaises connotations. Dirais-tu que c’est un rôle un peu ingrat?
Non. Pas ingrat. Parce que ce ne sont pas tes enfants. Ça devient ingrat si tu les prends tout comme.
Si demain, tout était à recommencer, referais-tu le choix de t’intégrer à une famille?
Si demain, tout était à recommencer, je ne pense pas que je referais le choix de me réintégrer à une famille. La séparation a été tellement difficile à propos des enfants. Je pense qu’ils m’ont fait tenir le coup plus longtemps à la fin de notre couple. Leur absence a tellement créé un vide. Je me suis séparée du parent, mais évidemment, la séparation des enfants vient avec. Mon cœur a assez souffert. Je lève mon chapeau à ceux et celles qui sont capables de recommencer. Pour ma part, je le vois comme une expérience qui m’aura fait grandir.
As-tu un message pour toutes celles qui hésitent?
De l’amour, peu importe l’âge, reste de l’amour. Il faut y aller étape par étape. Ne rien brusquer. Et te souvenir que ce ne sont pas tes enfants, mais que tu es une figure parentale tout de même. Il faut bien doser. C’est parfois difficile, mais les soirées cinéma pop-corn collés en valent la chandelle ❤
Belle-mère #2
J’avais 28 ans quand je suis devenue belle-mère. En vrai, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais… L’amour, ça rend un peu insouciant, mais ça a quand même cliqué avec la petite de mon copain. Le fait qu’elle était bébé était moins intimidant pour moi. C’est un apprentissage de façon continue. J’essaye de garder en tête que ce qui importe, c’est que sa fille soit heureuse. Je veux être une figure adulte de plus dans sa vie pour l’encadrer et l’aimer.
Évidemment, il y a aussi des côtés difficiles : disons qu’entendre parler de l’ex, c’est pas toujours évident… à un certain point, j’ai mis un frein à mon chum parce que j’en avais assez d’entendre parler d’elle en négatif. Ils n’ont pas une super relation d’équipe pour la petite, alors ça génère des conflits.
Le rôle de la belle-mère dans les contes de fées accumule les mauvaises connotations. Dirais-tu que c’est un rôle un peu ingrat?
Oui, parce qu’il faut accepter que ton rôle soit limité. J’ai un peu la tendance à beaucoup donner, mais je dois me rappeler souvent que ce n’est pas ma fille. C’est prendre soin d’un enfant comme si c’était le sien, mais sans la reconnaissance.
Si demain, tout était à recommencer, referais-tu le choix de t’intégrer à une famille?
Bonne question. On ne décide pas avec qui on tombe en amour. Si ça arrivait encore, disons que je serais plus préparée.
Si oui, que ferais-tu de différent?
M’affirmer plus tôt dans mes valeurs et mettre mes limites.
As-tu un message pour toutes celles qui hésitent?
S’écouter et prendre son temps. Ça peut être une expérience enrichissante de développer une relation de confiance avec un enfant qui grandit et découvre le monde.
Belle-mère #3
Je suis devenue belle-mère à 23 ans d’un petit gars qui avait 3 ans à l’époque. Ça a été une très belle expérience, mais qui m’a remise en question concernant ma vision de l’éducation, qui était vraiment différente de celle de mon chum de l’époque et de son ex. J’ai retenu qu’il est important d’établir nos limites et de s’entendre pour une éducation commune avec les parents, parce que comme belle-mère, quand l’enfant a encore sa mère et son père, tu n’as pas autant de pouvoir et tu dois souvent te plier à la vision des parents, même si l’enfant cohabite avec toi une semaine sur deux.
Je dirais que le plus difficile, c’était que la relation entre les parents n’était pas encore stabilisée à la suite de leur séparation et ça affectait beaucoup ma relation avec mon chum et aussi avec l’enfant. Je l’aimais beaucoup et je faisais mon possible pour être une bonne belle-maman, mais ce n’était pas évident avec la mère qui faisait tout en son pouvoir pour compliquer les choses.
Le rôle de la belle-mère dans les contes de fées accumule les mauvaises connotations. Dirais-tu que c’est un rôle un peu ingrat?
En effet, ça peut être un peu ingrat parce que tu es un adulte qui vit avec un enfant. C’est difficile de trouver un juste milieu entre une figure d’autorité qui n’a pas beaucoup de pouvoir et celui de l’amie. En revanche, je crois que j’ai réussi à prendre ma place tranquillement auprès de l’enfant en l’accompagnant dans certaines activités où j’avais des forces que ses parents avaient moins, exemple lui montrer à nager.
Si demain, tout était à recommencer, referais-tu le choix de t’intégrer à une famille?
Si j’avais à recommencer, je demanderais de rencontrer les deux parents et d’établir avec eux mon rôle dans la vie de leur enfant, ce qui est accepté ou non dans l’éducation. Avec du recul et un peu de maturité, ça aurait été gagnant pour tous, mais surtout pour le petit, de prendre le temps de s’en parler à trois.
As-tu un message pour toutes celles qui hésitent?
Personnellement j’adore les enfants et ça ne me ferait pas peur de rencontrer quelqu’un qui en a. Toutefois, je m’assurerais d’abord que le passé avec l’ex est réglé avant de trop m’investir dans le couple. Si c’est réglé, je dirais GO! Tu peux vraiment avoir une belle relation avec un enfant même s’il n’est pas le tien.
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Et toi, as-tu une expérience de belle-maman à nous raconter? N’hésite pas à le faire en commentaires!
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