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Y’a quelques années de ça (toute mon adolescence), je n’existais pas pour moi. J’vivais du regard des autres et j’étais dans une bulle où tout – tout – tout – m’atteignait fort, très fort.

Le plus triste dans tout ça, c’est que je n’arrivais pas à être contente pour les autres, ou du moins, très rarement. J’me réjouissais en silence de leurs échecs, j’me mesurais toujours à leurs réussites. Quand j’dépassais leur performance, là, j’étais contente. Là, j’existais. Là, j’étais fière.

J’avais une espèce de lien malsain avec les gens qui m’entouraient, à cause de ça. Mais personne ne le savait, on s’entend; ce n’est pas le genre de chose qu’on crie sur tous les toits : « YO, JE FAIS SEMBLANT D’ÊTRE CONTENTE POUR TOI. » Parce que ben non, je n’ai jamais dit à quelqu’un : « Hey, ta performance était vraiment so-so. J’aurais préféré réussir à ta place, mais t’sais… Bravo pareil! » Non, au lieu de ça, je disais un : « Wow! Tu le mérites TELLEMENT! Hihi! » Pis je rentrais chez moi, sweet and sour mais pas mal plus sour que sweet, pis j’me couchais, ben amère.

Je le savais que c’était wrong – je le savais TELLEMENT. Mais essaie donc, toi, de raisonner ça toute seule, une ado de 14-15 ans, assez heureuse mais jamais contente. Une ado qui veut tout mais qui passe son énergie à broyer du négatif parce que les autres réussissent pis elle, elle ne peut pas se contenter de c’qu’elle a, apprécier justement ses performances pis investir l’énergie dans son propre développement plutôt qu’à jalouser.

Cela étant dit, y’a comme un déclic qui s’est fait un moment donné. J’ai – pour une raison inconnue – pris conscience que quand les gens autour de moi n’étaient pas réellement contents pour moi, ça me blessait franchement. Parce que quand j’ai eu des liens assez forts pour vouloir les conserver for a lifetime, j’ai décidé que le bonheur et la réussite des personnes concernées, me rendraient toujours franchement heureuse – et que si ce n’était pas le cas, c’était que ces personnes-là, je n’y tenais pas assez sincèrement.

J’ai cessé d’en vouloir aux autres pour leur réussite, et j’ai cessé de me mesurer à eux. Je me mesure à moi, je me réjouis pour les autres, et je me réjouis que les autres se réjouissent pour moi.

La sincérité, c’est important pour ça. Dans les relations, dans nos réactions.

Source photo de couverture

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