Entendre la réalité se pointer.
Se réveiller au son du cri étouffé que fait la clé lorsqu’elle pénètre l’engrenage de la poignée Ronde et lustrée
Elle se donne des allures maniéristes avec son faux fini doré.
Il est 4 h du matin.
Comme à son habitude elle entre tard traînant sur son chemin un obstiné vacarme silencieux Cette fâcheuse habitude qu’elle a de claquer en sourdine la porte d’entrée
Comme si elle n’avait pas fait exprès d’être entendue.
Elle se donne en spectacle, c’est bien connu, elle aime s’imposer ; Malgré sa sobriété et ses airs de pince-sans-rire ;
Elle veut que l’on remarque sa présence.
Je l’entends, elle tâtonne cherchant dans l’obscurité de mon intentionnelle ignorance l’interrupteur du vestibule. Je devine dans le noir qu’elle n’a pas enlevé ses souliers, une habitude incorrigible chez elle ;
Aux dires de plusieurs elle semble faire ça partout.
Elle bouscule le mobilier avec son trop-plein de responsabilités ; Elle laisse de lourdes traces de maturité sur les planchers de notre appartement.
Sur son passage, elle s’enfarge dans mon tas de rêve traînant dans le portique.
Son arrivée se doit d’être fracassante Elle a cet insatiable besoin d’attention, ne pouvant accepter de passer inaperçue.
Mais elle ne l’admettra pas, elle distribue à qui le voudra cette fausse impression d’innocence.
L’insomnie oubliée sur le lit ? Cette anxiété qui traîne sur le plancher ?
Elle n’y est jamais pour rien, elle niera tout.
Ce n’est pas elle qui a perdu ces rêves soigneusement collectionnés depuis l’enfance et ce n’est pas de sa faute si l’insouciance s’est retrouvée au recyclage ; Elle l’avait pris pour un compte d’Hydro. Les lumières se meurent ; Le calme se faufile de nouveau dans l’appartement.
Il reste encore quelques instants de nuit avant que la lumière du jour n’oriente ma vie.
Source photo de couverture : Julia Borzucka