Tu travailles pas assez. Tu travailles trop. T’as trop de devoirs. La litière de ton chat sent la marde. T’aimes pas ça faire du ménage. T’as plus d’vaisselle propre. T’as pas d’argent. Ta date est d’la marde. Y fait jamais beau. T’as plus de crème pour la face. T’as pas assez de linge. Tes bobettes te piquent. Ton boss t’énarve.
J’comprends.
Mais arrête.
Quand tu te plains sans cesse, j’ai l’impression qu’on joue au jeu de celui qui se met le plus d’épingles à linge dans face. Sauf que j’joue toute seule pis que c’est toi qui pinces toutes les parcelles faciales que je possède. Pis que ma chaise est en feu au-dessus d’un lac rempli de crocodiles. C’est désagréable pis j’te confirme qu’y a aucun plaisir là-dedans.
J’pourrais aussi t’imager ça comme si tu t’amusais à rajouter un poids de plus à mon bench chaque fois que tu te plains. Vois-tu, mes bras de spaghettis ne peuvent supporter une telle charge. Comme mon esprit ne peut supporter autant de négatif. C’est trop lourd.
Même pire que le supplice de la goutte. (Bon, OK, j’m’emporte.)
J’comprends que tu veuilles parler de tes ennuis à quelqu’un. C’est quelque chose de très thérapeutique. Mais à tout moment du jour… J’pense qu’on a effectivement un problème ici.
As-tu déjà vu quelqu’un recevoir un prix Nobel en étalant du noir de long en large sur sa vie? On n’a pas réussi à aller sur la Lune en se disant que tout allait donc mal.
Tu en viens même à tirer les gens de ton entourage vers le bas avec toi. Arrête de voler la job des ancres de bateau pis deviens donc une montgolfière (avec tes amis dans ton p’tit panier). C’est important que tu comprennes que la plus grande beauté de la vie humaine se mesure dans nos accomplissements. Ces petits bouts de nous qu’on met dans ce qu’on crée en relevant nos manches. C’est la raison pour laquelle il faut passer par-dessus tous les petits malheurs quotidiens pour rendre notre vie plus à notre goût. Pour qu’on finisse par avoir un kick dessus.
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Marie Lortie Côté
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