« mon amour je ne guérirai jamais
si tu me fourres dans ma blessure¹ »
Je ne suis plus capable des relations toxiques, des cris et des pleurs, des montagnes russes de l’amour, non, ce n’est pas vrai qu’il faut souffrir pour être bien ensemble.
On dit que les contraires s’attirent, mais je suis fatigué des feux de forêt, des éboulements, de me noyer la nuit et de me réveiller le matin bandé d’incertitudes et de misère.
Mon corps garde l’empreinte des ruptures, je ne sens presque plus rien, ma peau étirée au maximum, comme un vieux drap contour, il suffirait de me retourner pour voir les taches de sang sur le matelas.
Où sont passées les années d’innocence à voir tout en blanc, comme un rêve éveillé, existent-elles encore ou sont-elles parties avec l’eau du bain?
Le printemps arrive en miaulant, je me penche pour le ramasser avant qu’il n’embrasse L’hiver de force².
Emmène-moi les petits fruits, le chocolat, les caresses d’après-midis quand il n’y a rien de mieux à faire, qu’on s’aime à pleine bouche, le temps pourrait se passer de nous autres, on ferait l’amour pendant minimum 33 heures, on battrait deux fois le record mondial de la douceur.
Deux partenaires en crime sur la route des États-Unis, comme Bonnie and Clyde, voler des banques, voler dans Le ciel [mauve] de Bay City³, changer le monde, notre monde à nous, tirer de la mitraillette sur les étoiles filantes, faire des vœux impossibles, se dénouer le dos à coups de caresses en buvant 50 cafés par jour.
La douceur comme une force tranquille, un pied de nez avec de la mousse entre les orteils, une cascade de fous rires, une prise de parole contre la violence quotidienne, le sexisme ordinaire, la surconsommation des orgasmes Tinder qui ne rappellent pas.
Apporte-moi la douceur avant que je ne devienne une feuille morte.
Par Simon Poirier
Photos : Maude Demers
- José Yvon
- Réjean Ducharme
- Catherine Mavrikakis