Angle mort est un spectacle d’entre-deux.
Entre le théâtre et la danse, comme l’a dit cet article. Entre l’ombre et la lumière, comme dirait la chanson de karaoké. Entre la chute et l’équilibre.
Entre l’esquisse et le produit fini.
Crédit photo : Samantha Celera
D’abord, l’interdisciplinarité.
Il faut savoir que les artistes du spectacle viennent d’horizons multiples. Il y a deux Vincent, deux acteurs, mais un des deux est également musicien et a travaillé la trame sonore du spectacle. Ils dansent aussi, dans la vie comme sur la scène d’Angle mort, comme tous les autres artistes. Comme Élizabeth qui est auteure, mais un peu comédienne et aussi danseuse et un peu chanteuse, puisque tous participent à la sonorisation du spectacle. Et Lydia et Harold, deux chorégraphes se transformant en comédiens et en musiciens et en régisseurs, puisqu’ils ont tous manipulé la régie qui était sur scène pour les besoins des représentations.
Je vous ai fait ça un peu compliqué exprès. Parce qu’au fond, il est surtout important de se rappeler que tous font tout. Ils ont créé ce spectacle ensemble, en s’inspirant les uns des autres, en mélangeant les disciplines, en travaillant la matière théâtrale, chorégraphique, sonore et scénographique.
Et la lumière fut.
La majeure partie de la scénographie est composée de lumière. Des projecteurs qui délimitent des espaces précis au sol, des zones un peu plus floues, comme simplement suggérées, et des lumières en suspension qui elles aussi ont appris à danser. Les artistes en noir deviennent des silhouettes, ou peut-être était-ce une ombre? Ils s’effacent et réapparaissent, se fondent les uns aux autres.
Un moment de flottement.
Leurs gestes sont parsemés de ces instants suspendus. Le point de chute, cette image que l’on repasse dans notre tête, dont on imagine les différentes avenues, les différentes réalités qui se côtoient. Elle se fige au fur et à mesure, bien qu’elle reste insaisissable et, comme toujours, fuyante.
Comme une ébauche.
Il y a une impression d’œuvre encore en travail, puisque c’est une création et qu’on la sent ouverte, mouvante. Elle se poursuit jusque dans nos têtes. Comme ce souvenir, un peu dans le noir, qui coule entre nos doigts à force de vouloir l’attraper. Ces mouvements que l’on se revoit à répétition, pour refaire le fil des événements, mais est-ce que c’est vraiment comme ça que ça s’est passé? Et les trous de mémoire, ce dont on ne se rappelle pas… ces angles morts.
Si vous voulez le voir, dépêchez-vous : premieracte.ca