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Altercation avec la peur

La peur s’infiltre dans mon esprit par les doutes qui s’y trouvent. Je pensais m’être débarrassée de sa présence, de ses chuchotements. Malgré mes réticences, elle n’en fait qu’à sa tête et pénètre dans la mienne, là où je ne veux pas la voir.

Mon souffle raccourcit, mes yeux débordent de larmes, mon cœur se serre et, au fond de mon abdomen, je sens cette présence lourde et sombre. Je suis prise de tremblements, de sanglots profonds, mon corps entier est submergé.

Je me retrouve dans une forêt sombre d’histoires à faire peur aux enfants. Des ombres se cachent et je n’arrive plus à faire un pas. Des bêtes se promènent près de moi : il y a la souffrance, l’angoisse et la pression.

Trop d’émotions remontent. Des émotions que je n’ai pas ressenties depuis si longtemps.

J’ai l’impression que le plus vulnérable de mon être est à la merci de tout ce qu’il y a autour de moi. Quand j’essaie d’appeler à l’aide, ma voix est rauque et à peine perceptible à mes oreilles. Je me sens comme un de ces clowns qui fait sortir une chaîne de foulards de sa bouche. Il y a tant de foulards que la fin de la chaîne est introuvable. Ces bouts de tissu bloquent tous mes mots à l’intérieur.

Je me retrouve en position fœtale. Les flots de larmes incessants. Mon visage en entier est mouillé. La peur glisse le long de mon échine et paralyse toute pensée rationnelle. Le sang dans mes veines est glacé. La peur altère toutes les perceptions de mes sens. Mon système nerveux a perdu le contrôle, la peur a pris les commandes.

J’ai peur de quoi ? De tout. De ne pas être assez bonne. De ne pas être assez forte. De la douleur.

J’ai surtout peur de la douleur. Parce que je suis si bien sans elle. J’ai peur qu’elle revienne au grand galop, qu’elle me happe avec force et que je ne puisse affronter son retour.

J’ai peur de me noyer dans cet océan de souffrances physiques. J’ai peur qu’on ne me lance aucune bouée de sauvetage.

Et la maligne tourne le couteau dans la plaie, me répète que je ne suis pas assez bonne, que je ne suis pas assez forte, que la douleur va revenir. Elle me dit que personne ne m’enverra de bouée de sauvetage, que je suis seule avec elle… comme avant. Elle adore me consumer à petit feu et se glisser autour de mon cou frêle pour m’étrangler jusqu’au point de m’étourdir. Elle se propose comme remplaçante de mon aura, elle est d’une belle teinte de gris.

Moi, n’étant capable de résister à son pouvoir malsain, je me laisse aller à la croire. J’ai l’impression d’être en transe pendant un long moment, je ne vois plus rien autour de moi.

Mais ma raison me ramène à la réalité. Mon système de protection entre en jeu et repousse la peur d’où elle n’a pas sa place.

Cette stupide peur insensée ne m’aura pas, pas cette fois. Je ne suis plus l’enfant effrayée d’autrefois, car je suis assez bonne, je suis assez forte. Même si la douleur me happe à nouveau, j’en ai vu d’autres et je serai capable de l’affronter. Je suis entourée de sauveteurs prêts à me lancer leur bouée.

Je ne peux accepter qu’elle dicte mes actes, puisque mes actes définissent mon chemin. Alors ma route serait dessinée par la peur, mais une route tracée par la peur n’est qu’une banale balade. Et je ne veux pas d’une route tranquille. Je veux avoir le vertige du haut des sommets que j’atteins, je veux avoir la fierté de me relever après avoir perdu pied, je veux prendre des embranchements inconnus et sauter à pieds joints dans le vide.

On dit que là où la magie se produit est à l’extérieur de notre zone de confort et ce qui délimite la fin de notre confort est la peur. Alors, il n’y a pas de place pour cette stupide peur avec moi, car je veux d’une vie magique.

Si je ne rencontre pas la magie par hasard, je la créerai. Je veux des aventures dignes d’être racontées. Je veux établir des nouvelles possibilités. Je veux vivre des expériences auxquelles je n’aurais osé rêver. Je veux la grande magie de la vie, mais aussi de toute la petite. Souvent, la petite magie est sous-estimée, mais elle nous accompagne à chaque pas : les sourires sincères qui réchauffent le cœur, les saveurs insoupçonnées qui flattent le palet, le vent frais vivifiant et le vent chaud qui vous berce, les rires contagieux d’enfants qui installent un sourire sur le visage en un instant.

Et je ne peux y arriver si elle guide mes pas, si je reste dans l’illusion d’une vie pleine qui n’est en fait qu’une vie confortable délimitée par mes craintes.

Le confort est pour les apeurés, et je n’en suis plus une.

Car je veux d’une vie magique.

Une vie magique…

Crédit : Lindsey Vu

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