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Adopter un chien

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les animaux. Pendant que les autres petites filles jouaient à la princesse et à « papa-maman », je m’imaginais vétérinaire et examinais mes peluches. J’ai pleuré ma vie (et je pleure encore) quand Cléo est morte écrasée à la fin de la Guerre des tuques, et quand Mufasa est mort dans le Roi lion. Bref, tout ça pour vous dire que, lorsque nous avons emménagé dans notre jumelé, j’ai choisi d’agrandir ma maisonnée. Un homme et deux chats c’était loin d’être suffisant. Je voulais un chien.

J’ai fait mes devoirs. J’ai lu sur l’éducation et passé des heures à scruter les sites de refuges (pas juste à Québec, partout au Québec…). J’ai également pété des coches et bourré mon Facebook de commentaires contre le monde ingrat sur Kijiji qui abandonne leur animal par faute de temps, par manque d’espace. Puis, un samedi, nous sommes passés à l’action. Direction le refuge.

À destination, je craque. Je veux tous les prendre, les sauver. Mon homme me raisonne. Nous revenons avec un chien. Une belle boule d’amour d’un an au passé nébuleux et à la race incertaine. Je ne sais pas à quoi je pensais, mais, à ce moment-là, je croyais que mon chien et moi on connecterait. Mes proches m’avaient avisée qu’avoir un chien, ça demandait du temps. Mais dans ma belle naïveté, j’étais convaincue que mon compagnon serait différent : bien élevé, beau, propre, tranquille, sociable et joueur (quand ce serait approprié, évidemment). La réalité en fut tout autre. J’ai été frappée par un post-partum canin. C’est certain qu’un divan en cuir troué et qu’une série de tranchées sur le terrain, ça ramène une femme sur terre. Ça crée un petit stress, mettons. Moi, qui avais toujours été contre la cage à la maison, j’ai dû piler sur mon beau principe.

Ça ne fonctionne pas. Ce n’est pas l’enfer, mais pas loin. Je pense à retourner mon chien au refuge après seulement deux semaines de vie commune. Comment on rompt avec un chien? C’est pas toi, c’est moi? Je me sens coupable. J’ai mal au ventre. Je dors mal. Mon homme vit la même chose. Je remets même en cause notre projet bébé (un humain, celui-là). J’étais rendue l’ingrate. La maîtresse sans aucun sens des responsabilités. J’ai envisagé Kijiji. Mon ego a eu mal.

Trois mois plus tard, après beaucoup de temps et une rencontre avec une experte en comportement canin, ça va mieux. Non, ce n’est pas encore Hatchi ou Lassie. Oui, la cage est encore dans la maison. Mais notre chien l’est aussi, et c’est ça l’important. Un chien, c’est du temps et de l’adaptation – pour lui et pour nous. J’aurais pu passer aux méthodes fortes, peut-être plus rapides. Marcher au choker, aux coups de pieds, au collier électrique. Ça aurait peut-être fonctionné, mais j’aurais été encore plus déçue de moi-même.

Si vous voulez un animal, pensez-y bien. Mon but n’est pas de vous décourager ou de vous faire la morale, mais, un chien, c’est un réel investissement. Vous devez être prêt à faire des sacrifices, à le faire bouger, même quand c’est le déluge, et à y passer du temps (et peut-être un sectionnel en cuir).

Aujourd’hui, après une longue balade en forêt, je dois dire que je suis fière de la relation que j’ai développée avec mon chien, de la confiance qu’il m’accorde. Jamais un humain n’aura fait preuve d’autant d’indulgence à mon égard. Tout n’est pas parfait, mais je peux maintenant affirmer que nous progresserons ensemble, main dans la patte.

P.-S. Mon sectionnel est à vendre sur Kijiji. Pas cher. Des intéressés?

N. B. Il manque trois coussins. Il en reste quand même cinq.

Par Josianne Vignola

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