Je ne suis pas réellement moi.
En fait, pas comme je le pensais. J’existe plutôt en une infinité de versions qui se déclinent dans l’esprit de ceux qui me côtoient. Voilà le constat qui s’est présenté à moi, l’autre soir, à surfer sur les internets.
Pour la caissière du dépanneur qui m’a vue, un vendredi, vêtue de mon plus laid chandail et de leggings, bouteille de vin cheap sous le bras et Doritos dans l’autre main, je suis probablement juste la pauvre fille pathétique sans amis qui va passer une soirée tout aussi pathétique.
Pour mes collègues de travail, je suis probablement la fille discrète mais efficace, qui, malgré son air un peu fripé le matin, fait ce qu’il y a à faire.
Mes amis d’université me voient sûrement comme une fille sympathique, amicale, qui aime s’amuser et s’impliquer.
Mon ex me voit… je ne sais pas trop comment, mais ce serait pas pire de pouvoir être dans sa tête, ça effacerait quelques doutes et insécurités.
Ce que j’essaie de te faire comprendre, c’est que tout le monde avec qui tu entres en relation, allant du plus proche au presque inconnu, a une image de toi. Elle sera souvent faussée de jugements, partielle, ou même idéalisée. Elle sera aussi toujours en évolution.
Nous ne sommes qu’en réalité une construction qui diffère d’une personne à l’autre.
Comment savoir qui nous sommes réellement? Parce qu’encore là, nous avons une idée de la personne que nous sommes qui nous est propre, et que personne d’autre ne connaît dans son entièreté.
En y pensant, ça peut faire peur. De penser que personne ne sait véritablement qui nous sommes, peut-être même pas nous-mêmes. De ne pas pouvoir contrôler comment les autres vont nous percevoir. D’arborer, sans le savoir, des visages qui ne nous plaisent pas toujours.
Mais d’un autre côté, pense à toutes les possibilités qui s’ouvrent à toi. Ça veut donc un peu dire que t’as la liberté de pouvoir devenir qui tu veux. Pouvoir faire ce qui te plaît. Pouvoir te réinventer constamment. Des versions de toi à l’infini, tout aussi belles et diversifiées les unes que les autres.
Surtout, ça signifie que tu peux commencer à cesser de te préoccuper du regard des autres puisque, de toute façon, ils auront leur propre vision de toi, et tu ne pourras rien y faire pour les empêcher de faire de toi un personnage créé par leur conscience. L’important, c’est qu’à travers toutes les versions que tu projettes de toi, tu trouves celle qui te fera sentir à l’apogée de ton identité, au summum de l’humain que tu es. Être la meilleure version de soi, voilà ce qu’on devrait toujours chercher à atteindre.
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