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À toi qui travaille si fort pour l’oublier

Toi qui as travaillé si fort pour l’oublier : c’est à toi que je parle aujourd’hui.

Au début, ça a été l’enfer. Tu as pleuré, des rivières de larmes faites spécialement pour lui, celui que tu n’oublierais pas. Tu as ragé : contre la vie qui fait si mal les choses, contre lui qui ne comprenait pas, contre toi qui l’aimais trop.

Tu as écouté tes amies sans les croire quand elles ont dit à quel point c’était un trou de cul ; qu’il n’a pas été correct ; qu’il ne te méritait pas. Tu as hoché de la tête tout en te disant que c’était n’importe quoi ; que tu le connaissais mieux qu’elles ; que tu savais que vous deux ça aurait pu marcher ; que ça aurait marcher. – que ça n’aurait pris qu’un peu de volonté ; que, vous deux, c’était différent. Je ne m’obstine pas avec toi, ici : c’était surement différent, parce qu’à tes yeux, ça l’était… et il n’y a vraiment que tes yeux qui importent dans tout ça.

Puis, au fil du temps, tu as commencé à t’en remettre. La rivière s’est tarie, le soleil est revenu et les larmes qui portaient son nom se sont évaporées pour ne plus revenir. Tu as commencé à réaliser que peut-être que tes amis n’avaient pas totalement tord, finalement. Peut-être qu’il n’avait pas été correct sur toute la ligne. Peut-être que ce n’était pas fait pour marcher. Peut-être, surtout, que c’était mieux ainsi.

Tu as recommencé, à sortir, à dater. C’était sans importance au début, se remettre à l’eau après avoir évité une noyade. Tu retrouvais tes repères. Tu restais dans le pas creux. Puis, tu as rencontré quelqu’un qui t’a donné envie de donner quelques coups de nage vers le profond. Tu as commencé à sourire. Tu as repris goût à une peau qui ne goute pas la sienne et à des rires que ne naissent pas de son humour.

Tu es bien. Tu es heureuse. Tu es en amour… peut-être?

Je dis peut-être, parce que tu ne te reconnais pas dans cette nouvelle relation et ça te fait douter ; parce que, tout ce que tu as connu de l’amour, c’était différent et ça te fait peur. Tu n’as pas peur du bonheur. Tu n’as pas peur non plus d’avoir mal à nouveau, bien que c’est de ça que ça peut avoir l’air.

Non, tu as peur tout simplement que ce ne soit pas vrai.

Tu as aimé une fois déjà, aimé fort, aimé trop, aimé à avoir peur de te perdre et ne jamais te retrouver – et ce n’est présentement pas le cas. Tu es bien, maintenant. Tu n’as pas mal… et tu en étais venu à associer l’amour au manque, à la douleur, au doute. Tu ne doutes pas, maintenant… donc, aimes-tu vraiment?

Je suis ici pour te rassurer. Comme chaque flocon de neige est différent, chaque relation l’est tout autant. Certaines vont te déchirer, certaines vont te laisser avec des pièces manquantes, mais certaines vont te nourrir aussi. Tu ne peux pas toujours tout perdre. Souviens-toi de toutes les fois où tu as donné. N’as-tu pas le droit de recevoir également? Est-ce que recevoir de l’amour en retour, sans avoir à le tirer à mains nues, fait de la relation dans laquelle tu es moins pleine d’amour? Ou, au contraire, plus saine?

L’opportunité de rencontrer quelqu’un de nouveau est à chaque coin de rue, dans chaque moment. Quand on est prêt à la saisir, elle s’offre à nous. On ne tombe pas en amour qu’une seule fois au cours de sa vie, mais on n’aime jamais de la même façon deux fois. C’est la beauté unique de la chose, je pense.

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