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À toi qui n’es pas le bon

Du haut de mon quart de siècle de semi-sagesse, j’en suis venue à faire quelques constats sur l’étrange et complexe créature qu’est l’être humain. Un de ces constats, celui qui me chicote de plus en plus récemment, d’ailleurs, c’est à quel point on peut oublier – ou ignorer – de s’écouter. C’est fascinant à quel point on peut s’accrocher à des choses, à des moments… à des gens. Autant notre instinct peut être fort, autant on est si bon pour l’ignorer, pour se convaincre que l’on veut quelque chose, alors qu’au fond de nous, la voix de la sagesse nous crie que ce n’est pas une bonne idée. Comme de se faire couper les cheveux pixie style, parce que, t’sais, ça va si bien à Emma Watson, ou de commander de la salade de fruits au resto de desserts, parce qu’on fait attention à notre ligne. On est amplement conscient que ce sont des erreurs; on le sait qu’on n’aura jamais l’air d’Emma et que le brownie au double fudge de notre amie va être tellement plus attirant quand il va arriver sur la table… et pourtant on ne s’écoute pas. On se coupe quand même les cheveux, on mange le mélange melons-ananas et, surtout, on se convainc que c’est assez. On est des champions dans l’art de se convaincre que c’est ben en masse. Des fois, je me dis que si seulement on faisait juste ça avec les desserts ou avec les coupes pixie, peut-être qu’on s’en sortirait, mais le fait est qu’on fait ça partout; même en amour… surtout en amour.

Tu sais exactement de quoi je parle, non? Tu sais de qui je parle, aussi : il est cute, fin, il te fait sentir bien… et pourtant. Tu le sais dès le premier baiser, dès la première nuit, dès la première fois où il essaie de te prendre la main ou la taille en public et que ton bas ventre frémit, mais pas de la bonne façon. C’est un avertissement, pas une envolée de papillons.

Tu es incapable de te l’expliquer, de le rationaliser et c’est ce qui rend écouter ta voix intérieure si difficile. Tu n’arrives pas à mettre le doigt dessus : il est trop ci et tu es trop ça… ou peut-être est-ce le contraire? Un de vous est trop ci et l’autre n’est pas assez de ça et la vérité est que jamais vous ne pourrez combler ce qui manque. Jamais vous ne pourrez atténuer ce que vous avez en trop.

Tu le sais et je le sais. Pourtant, on essaie.

Il y a plusieurs façons de le voir. Certains diront que t’en demandes trop; que s’il est fin et cute et qu’il prend bien soin de toi, ça devrait être assez. Mon dieu, j’aimerais que ce soit assez. J’aimerais te dire que tu vas être capable d’oublier les autres, d’oublier les choses qu’il ne peut pas t’apporter, de te combler des choses que, justement, un autre ne t’apportera peut-être pas. Sauf que voici la vérité, celle que j’aimerais ignorer, celle qui fait mal, mais celle qu’on devrait être capable de s’avouer :

« Il est fin. Il est cute. Il prend soin de toi, mais ce n’est pas le bon. »

Peut-être que t’es trop passionnée et qu’il est trop calme, que tu es un feu de forêt et qu’il est une chandelle, qu’il est une eau douce et que tu es l’océan. Pas que c’est mieux. Les feux de forêt, c’est dangereux et les eaux calmes, c’est drôlement beau. Tu n’es pas mieux que lui, il n’y a rien qui cloche avec lui; ce n’est juste pas le bon fit.

Il est là, le problème. Comment te convaincre de laisser partir quelqu’un alors que tu ne peux pas lui trouver un défaut autre qu’« il n’est pas pour moi »? Comment justifier ça? Pourtant, on le sait. Ça ne s’explique pas ; tu le sais, c’est tout, comme ma coupe de cheveux à la Emma ou mon mix cantaloup-ananas, alors que je voulais vraiment le chocolat. Cette personne, pourtant si bonne, c’est une tarte à la citrouille, c’est le meilleur gâteau au fromage. Pour quelqu’un, elle va être le délice, le paradis… pour quelqu’un, elle va être l’orgasme en bouche; pour quelqu’un qui n’est pas toi.

La chose la plus triste dans tout ça, c’est que tu attends. Tu te dis que, peut-être, ça va passer, que tu vas t’habituer, que tu as besoin de temps. Tu te dis que, peut-être, le vide va se remplir ou même que tu vas oublier d’en vouloir plus. Tu te dis qu’à force de chercher ailleurs, tu vas te mettre à chasser des nuages, que c’est impossible de toujours trouver plus, que tu vas passer à côté de quelqu’un de vraiment génial – et ça, c’est vrai, mais on passe à côté de gens fantastiques tous les jours : ce n’est pas tout le monde génial qui est fait pour toi.

Comprends-moi bien : ceci n’est pas une croisade contre le « bon gars ». Je ne pense pas que le bon gars perd toujours. Au contraire, je pense que le bon gars peut tellement, justement, être le bon, mais que c’est correct aussi de chercher le petit plus dans le creux de tes entrailles. C’est correct d’écouter ce feeling-là. Je pense que si on fait ça, un jour, on va se coucher à côté d’une personne peut-être moins parfaite sur plein d’aspects, mais tellement plus parfaite pour nous et qu’on va finalement arrêter de penser à ailleurs. Ailleurs, on va y être arrivé.

Marie-Christine Chartier

Élodie Dugat

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