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À toi qui me traites de « grosse torche »

Un article paru tout récemment a fait beaucoup de vagues dans la communauté de Crépus. Celui-ci intégrait, dans son titre ô combien accrocheur, les mots clés « grosse torche» et « gym ».

Major dislike. Or, quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai réalisé que l’auteur de l’article était nul autre qu’un homme. Pas juste ça, un homme qui proclame ouvertement ne pas s’y connaître en matière de gym. Qu’essé tu fais à en parler, d’abord?

S’il a réussi à gagner 1 point en honnêteté, il a réussi à en perdre au moins 10 en raison du contenu impertinent.

Cher auteur, déjà si tu avais utilisé les termes « gros tas », peut-être aurions-nous pu percevoir la possible autodérision, l’humour de 2e degré que tu prêches, ou encore l’histoire de vie que tu tentais de nous raconter.

Dans ton article rempli de stéréotypes et de marches à suivre bidons pour bien choisir son gym, tu manques de respect aux femmes, aux messieurs muscles qui boivent leur shake (ils peuvent-tu le faire en paix, svp?) ainsi qu’aux ardents défenseurs de la diversité corporelle en nos sociétés, a.k.a beaucoup de monde.

La grosse torche dont tu parles, c’est peut-être la fille de 250 lbs qui se fait rappeler chaque jour qu’elle est hors norme. C’est sûrement la fille qui se fait critiquer lorsqu’elle mange ou qu’elle s’évache devant Netflix un peu trop longtemps, qui se fait regarder de travers lorsqu’elle essaie d’aller courir, ou encore pour qui son poids domine son existence, malgré elle. Et tout ça, à cause d’articles comme le tien, à cause de camarades de classes méchants au primaire, à cause de ses parents, ou simplement parce qu’il est impossible pour elle de lire un cristie de magazine sans sentir qu’elle n’a pas sa place dans la société. Y’a un effet cumulatif, j’en consens, on ne contrôle pas tout, mais pas besoin d’en rajouter, c’est à chacun de faire sa part de constructivisme.

La grosse torche dont tu parles, c’est peut-être aussi la fille de 90 lbs mouillée qui perçoit une baleine quand elle se regarde dans le miroir. La fille qui souhaite physiquement s’effacer… parce que la pression sociale est à un cheveu de la faire craquer, et pour qui le gym révèle certains fondements malsains.

Finalement, la grosse torche dont tu parles, c’est peut-être aussi la fille de ton Instagram avec des fesses de fer et qui fais plus de squats que tu ne fais de pas dans une journée. La fille qui, au-delà du selfie parfait avec ses altères au gym, lira ton article et trouvera qu’elle n’en fera jamais assez. À l’intérieur, elle se sent peut-être comme « la grosse tout trempe » à laquelle tu fais allusion. Elle réalise, peu à peu, que même au sommet de sa forme, le mental n’a pas nécessairement suivi son évolution physique. Qu’au delà du corps parfait, l’obsession, la restriction, le narcissisme et l’absence de plaisir qui découle de la quête de perfection priment.

Tout ça parce que ça te tenait à cœur d’écrire un article dans lequel tu pourrais ouvertement utiliser les termes « grosse torche ». Enfantin pas mal, non?

T’auto-proclamer d’ignorant professionnel est une piètre excuse pour nous déballer ton lot de sottises à l’égard de la diversité corporelle et du concept de gym. Prochaine fois, laisse don’ ça aux experts.

Un gym devrait être un lieu de liberté, un lieu d’émancipation, un lieu où on peut être soi-même dans sa sueur et son sentiment d’accomplissement, et ce, peu importe sa shape.

Prière de te scinder à notre désir de voir notre société avancer, non pas régresser, et de te réjouir de voir des gens mieux dans leur peau de jour en jour.

Les jokes de grosse, garde ça pour tes soirées dans le sous-sol avec tes chums, à l’abri de tous les regards, mais surtout, à l’abri de l’univers du web.

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