On t’a droguée au GHB et on t’a violée.
Le GHB, pour être ben franche avec toi, je sais que ça existe et qu’il y a eu des victimes, mais comme le seul témoignage que j’en ai eu vient d’un épisode à chier de la série Virginie y a au moins quinze ans, je croyais que la substance avait fait son temps.
Mais les viols sont courants. Ça je le sais. Je l’ai vécu. Mais jamais on ne m’a droguée pour avoir ma peau. J’en ai vu de la lâcheté, mais celle-là, elle est plus crasse que toute la pourriture du monde.
Je connais pas ton histoire dans le détail, je te connais pas du tout, en fait, mais le gars qui a fait ça, je le juge en tabarnac en ce moment.
Parce que c’est pas juste un lâche, c’est un criminel. Même un potentiel assassin en plus d’être un osti de violeur. Car la drogue du viol, si on en met trop, elle provoque des vomissements, des convulsions, la stérilité, une détresse respiratoire, un coma, parfois la mort.
T’sais moi, les fois où je me suis fait agresser, je me suis retrouvée dans un corps qui m’était étranger. Que j’haïssais. Que je voulais plus voir alors que j’étais prisonnière de toute cette chair que l’autre avait matée, pénétrée, goûtée… J’en braillais et criais de rage contre moi. Je me décapais presque la peau quand je prenais ma douche. Je me souvenais de tout, c’est vrai, surtout de mon incapacité à le repousser, cet autre mal venu en moi…
Toi, il t’a même pas laissé la chance de te battre, de te défendre, de l’envoyer chier, d’appeler la police. Rien de rien. Un nectar de viol dans ton verre et c’était terminé. Il se contenterait de se faire jouir tout seul dans le corps d’une femme inconsciente et non consentante :
– Et si elle vomit, fait le bacon ou arrête de respirer, ce sera un peu turn off, mais tant pis!
Un tel déchet, j’ai pas de mots pour le décrire. Mais au lieu de rester sur ma colère, je vais essayer de t’aider.
La principale ressource – à part les médecins, travailleurs sociaux et psychologues – qui m’a permis de traverser le pire, c’est Viol secours. J’ai trouvé ça dur, mais ça en a valu la peine. Je m’affirme beaucoup plus qu’avant, même si je n’ai pas trouvé le courage de confronter mes agresseurs, ni de les poursuivre en justice. L’un d’eux a d’ailleurs recommencé à me harceler tout récemment, et ça m’a fait perdre tous mes moyens. Comme quoi, le travail sur soi, ça prend du temps.
Bref, tu as ton histoire à toi, mais tu n’es pas la seule dans cette triste saga. Ce n’est pas ta faute ce qui t’arrive. Et heureusement, y a des personnes extraordinaires qui prennent chaque jour la plume pour en changer la fin.
Courage, amitiés et respect.
– L.
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