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Travailler encore plus pour dépenser encore plus

Il y en a des choses qui ont changé depuis peu. Il faut dire que ce n’est pas étonnant lorsqu’on se cherche autant que je le faisais. Je n’étais jamais bien. J’excusais tous mes déboires (genre perdre mes clés de voiture dans les bars et ne pas m’en rendre compte jusqu’à ce que j’en aie besoin pour me rendre au boulot le lendemain) par le fait que j’étais en pleine crise identitaire. J’étais parfois tellement méchante avec les gens qui m’aimaient en leur disant que mon bonheur en ce moment était ma priorité, parce que je disais souffrir. Je voulais partir du nid familial parce que j’avais besoin de devenir une grande personne et qu’il y avait là trop de souvenirs de mon ancienne vie, soit celle où je ne me connaissais pas vraiment. Je ne voulais pas partager un appartement avec d’autres personnes, car je voulais avoir la liberté de pouvoir rénover ma salle de bain en pleine nuit ou bien laisser traîner une semaine de vaisselle sale dans la cuisine. Je ne savais pas trop ce que j’allais devenir étant donné que j’allais être sous peu une étudiante diplômée.

Je comparais ma vie à une toile blanche. J’avais en ma possession tous les pots de peinture dont il était permis d’espérer, il ne me restait plus qu’à choisir ce à quoi mon œuvre allait ressembler, mais ça m’angoissait beaucoup trop. À Québec, je m’ennuyais. Je voulais partir à tout prix, je voulais explorer une grande ville. Je n’étais jamais raisonnable. L’être aurait été beaucoup trop ennuyant pour moi. Je n’étais jamais satisfaite non plus. J’en voulais toujours plus.

C’est à ce moment que je me suis mise à consommer, consommer tout ce qui pouvait se posséder. J’achetais tout ce qui pouvait me contenter.

Le soir, avant de dormir, je me faisais des listes de choses que je n’avais pas encore et que j’aurais aimé posséder. Je me donnais un délai pour les obtenir, puis j’emplissais mon garde-robe de toutes ces choses. Dès que j’étais un tant soit peu contrariée, je filais dans les magasins pour me procurer de nouvelles choses et pour l’espace d’un moment, j’oubliais mon chagrin. Je m’assoyais dans mon garde-robe et j’étais comblée. Je n’avais pas besoin d’être aimée ou de savoir ce que j’allais devenir, j’en oubliais même mon souci identitaire, car j’étais la propriétaire de tous ces beaux achats.

À un point tel que je ne me demandais même plus si j’en avais besoin. Je n’étais pas riche, mais je vivais comme tel. Et si on me le faisait remarquer, je répondais que le prix était bien peu élevé pour me faire sourire.

Sauf que je n’avais pas encore compris que toutes ces choses ne me rapprocheraient pas de mon âme sœur, ne m’aideraient pas à trouver ma place, à aimer mon métier et surtout à m’aimer. Je n’étais pas plus belle avec le dernier Levi’s ou les tout nouveaux Nike. Je n’étais pas en train de créer mon identité, je m’en éloignais plutôt. Je n’étais plus la personne simple que j’avais déjà été. La personne qui se réjouit à l’idée de se faire un potager, qui se change les idées en cuisinant ou en faisant du sport. La personne qui est la plus heureuse du monde lorsqu’on lui met un petit chien entre les mains, elle pour qui un fou rire n’a pas de prix.

Et un jour, j’ai été foudroyée par une prise de conscience et tout a recommencé à se placer. Après deux déménagements, je réalise finalement que je ne vais jamais les porter, ces trente paires de jeans que je me suis payées. Et qu’est-ce que je vais faire de ces deux garde-robes pleins à craquer de vêtements? Je travaillais tellement fort pour pouvoir payer toutes ces choses qui ne m’auront même pas permis de m’épanouir ou de me découvrir. Elles ne m’auront servi qu’à remplir un espace physique que je juge tellement inutile maintenant. Tout ce temps que j’ai perdu, tout cet égoïsme dont j’ai fait preuve… Désormais, je suis outrée de voir à quel point, dans notre société, plusieurs ne se concentrent que sur le matériel. Ils ne vivent que pour pouvoir se payer plus de biens, simplement pour pouvoir posséder plus, toujours beaucoup plus.

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