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Donner au suivant, donner à soi

crédits: Hunt

Le juste retour du balancier

            Dès ton entrée à l’école, et aujourd’hui plus que jamais, on apprend aux enfants à devenir des machines de performance. On veut qu’ils excellent dans tout : qu’ils aient les meilleures notes à l’école, qu’ils soient champions en sport, en une discipline « x » ou « y » et nous oublions souvent que le besoin de l’enfant est de se sentir aimé tout simplement.

Aux yeux de la société, un enfant est « un investissement », une future machine « rentable » pour la société. D’ailleurs, inévitablement, ils devront prouver à leurs semblables « qu’ils méritent leur place dans cette société occidentale où la richesse est prisée sur l’entraide ». Mais qu’en est-il des dommages collatéraux apportés par cette minorité qui exploite une majorité pour donner l’illusion du rêve?

L’humain s’est dénaturé de son essence profonde. Il n’est pas trop tard pour réaliser que nous sommes plus qu’une machine de performance, mais vous me direz : « Plus facile à dire qu’à faire, le « monde est ainsi bâti. » Oui, mais si faire autrement ne nous ramènerait pas plutôt à l’essentiel. La crise actuelle de COVID-19 et l’obligation de la société d’arrêter sa roue de performance pendant un temps ne serait-il pas un ultime cri lancé par notre monde? Il faut cesser de faire la sourde oreille comme je vous en ai déjà parlé dans mon article Quand la planète reprend ses droits .

Dans cet article, je vous parlerai d’Allen Simard, un jeune horticulteur de Québec, connu pour sa production de micropousses de son entreprise Hesper. J’ai alors découvert un passionné de la permaculture, du marché local et de l’agriculture de circuit- court, et des échanges compensatoires (troc).

En bref, j’ai découvert un homme idéalisant un mode de vie respectueux de la Terre et de ceux qui la composent. Un mode de vie que plusieurs suivent déjà, sans oser en parler ouvertement.

Possible ou impossible?

            Le rêve d’Allen serait d’avoir une forêt nourricière pour subvenir à ses propres besoins ainsi qu’à ceux de son quartier, de sa ville et de sa province. Il encourage à 100% l’achat local, la permaculture et le troc. Toutes ces actions s’inscrivent dans le développement durable et aideraient, à arrêter d’abuser des ressources de notre planète de laquelle nous sommes déjà surendettés. Ce serait le juste retour du balancier. Il faut penser à elle. C’est notre hôte, il faut la remercier.

Composée d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées, une forêt nourricière est un jardin qui s’inspire de la forêt naturelle où les végétaux interagissent entre eux en se rendant mutuellement service. En termes plus simples: « c’est un jardin comestible sous la forme d’un véritable écosystème dynamique. »  Pour créer cet écosystème, il faut composer notre forêt nourricière en 3 strates : d’abord, les plantes fixatrices d’azote, comme les haricots, une strate de plantes améliorant la structure du sol comme des feuillus dont les feuilles mortes nourrissent le sol et des plantes mellifères qui accueilleront les pollinisateurs qui permettront à la forêt de prospérer.

Toutefois, ce rêve qui est une réponse au cri que nous lance la planète est une action possible à poser parmi tant d’autres! Comme le dit si bien Allen, tout le monde n’est pas obligé de créer une forêt nourricière pour faire sa part. C’est sa passion, son talent, mais justement, il ne veut pas garder son savoir pour lui et veut le partager à d’autres sous le principe du troc. Par exemple, tu viens de récolter plusieurs fraises sauvages avec lesquelles tu cuisines une tarte. Puis, au lieu de gaspiller les surplus, tu les offres à ton voisin en cadeau, tout simplement.

Quand ce voisin pensera au cadeau que tu lui as fait, ça va lui faire un petit velours et, qui sait, un jour, il te redonnera peut-être une bouteille de vin de son petit vignoble ou te donnera-t-il quelques tomates qui auront poussées dans son jardin. Ce genre de dons amènent plus de diversités que ce qu’on t’offre en épicerie, sous le même principe que les friperies ou les boites à lire. Certains donnent, d’autres reçoivent et ainsi de suite.

Les humains, comme les autres êtres sur la planète, ne sont pas nés pour posséder des biens uniques sans partager. On ne devrait pas être gêné de créer ce genre de cycle, car l’argent est une chose, mais faire bénéficier de son talent ou l’enseigner à quelqu’un d’autre pour partager, n’est-ce pas autant valorisant, voire plus que de recevoir de grosses sommes?

Le gouvernement et les entreprises doivent aussi faire leur part

Allen, comme d’autres horticulteurs, encouragent les consommateurs à acheter local pour cesser d’encourager le système de surproduction et donc, au final, de créer un autre cycle : celui de l’agriculture en circuit-court.

Les avantages l’agriculture en circuit-court

L’agriculture en circuit-court incite à des interactions avec notre communauté, d’abord entre les marchands et les consommateurs, puis entre les marchands entre eux. Il existe déjà plusieurs grands marchés qui encouragent ce principe. Cette méthode fort simple qui demande peu de ressources évite les surplus (et donc le gaspillage). De plus, d’un point de vue économique, ce système n’amène pas de dépenses et même, à long terme, amènerait moins de dépenses que l’alimentation sous le mode de vie de la Mondialisation.

Mais on n’est plus au 19e siècle, cette méthode me semble dépassée, non?

Vous me direz que des échanges comme ça ne se fait pas à tous les coins de rue en 2021, mais n’hésitez pas à aller sur des réseaux sociaux ou des sites où il est possible d’acheter local ou de faire des échanges. Il existe plusieurs plateformes comme Marketplace ou le panier bleu qui vous permettront de vous départir de vos surplus et d’en acquérir d’autres près de chez vous!

Ces sites vous permettront de discuter avec d’autres citoyens qui ont vos valeurs de partages et aussi de connaître de nombreux commerçants locaux. Encouragez ces commerçants et découvrez leurs produits et encouragez-les ainsi que VOTRE économie de VOTRE province. Oui, parfois ce genre d’achats est plus dispendieux à l’unité que ce qu’on trouve en épicerie, mais à la fin, votre casseau de framboises à bas prix à l’épicerie du coin qui provient du Mexique, par exemple, cache une chaine d’exploitants et d’exploités. De plus, tu pourras interagir, en personne ou par le biais des réseaux sociaux, avec l’entreprise qui s’est chargée de la cueillette.

Mais comment instaurer un tel système dans notre société actuel?

Tu montres l’exemple. Tu proposes à ton voisin de lui faire un jardin sans rien lui demander en retour et tu lui proposes que tu passeras pour t’en occuper. Au passage, tu peux aussi lui montrer ton expertise afin de transmettre ton don au suivant. Par la suite, au fil de vos conversations, sois attentif à ce qui l’intéresse, à son champ d’intérêt. Qui sait ce qu’il pourrait vouloir te redonner en retour, à toi ou à un autre dans sa communauté, car le but de ce système est d’amener un cycle de cadeaux perpétuels et non de créer une boucle fermée et aseptisée d’échanges mercantiles pour une élite. Pour qu’ainsi tous soient valorisés à leur juste valeur et fasse profiter les autres de ce qu’ils peuvent offrir.

Quelles seraient les actions que les gens devraient faire chez eux pour que ce rêve de société ne reste pas une utopie, Allen?

« Il faut que tu fasses le premier petit pas : commence par voir ce que tu peux offrir à ta communauté. Puis, apprends à les connaître et offre-leur cette qualification pour créer un cycle. C’est l’esprit même de la permaculture, de l’agriculture en circuit court et du troc : donner au suivant pour faire circuler les biens et services, tes dons.

Révisé par Pénélope Beauchemin

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