Tu sais, le moment où ton ami.e t’écrit pour te demander conseil et que tu te demandes pourquoi cette personne t’appelle toi.
Parce qu’on s’entend, tes choix de vie ont souvent été discutables.
Mais tu décides de donner ton avis quand même parce que, t’sais, à quoi ça sert des amis autrement?
Alors tu écoutes. Tu écoutes les histoires d’horreur qui lui arrivent, comme les atrocités que lui fait vivre son être cher.
Tu lui dis que ça n’a pas de sens, qu’elle doit sortir au plus vite de cette relation malsaine.
Tu lui dis qu’elle ne se fait pas respecter, que ce n’est pas correct, qu’elle devrait imposer ses limites ou bien le quitter.
Tu t’inquiètes.
C’est normal, cette personne est ton ami, tu l’aimes beaucoup.
Tu ne veux pas qu’il lui arrive malheur. Tu sais qu’elle mérite mieux…
Puis, un jour, c’est toi, cette personne en détresse. C’est toi qui es prise au piège avec une personne qui ne te mérite pas.
Et tu le sais.
Tu entends les conseils que tu as jadis donnés.
Tu sais quoi faire, mais tu en es incapable.
Toi et cet être cher, c’était spécial.
Ce l’est encore pour toi, mais pas pour lui.
Ton orgueil en prend un coup : « Je ne suis pas si spéciale que je le croyais. »
Tu appelles ton ami.e en quête de réponses que tu connais déjà, évidemment.
Il/elle te répète ce que tu lui as dit avant.
Tu te demandes comme tu peux aimer quelqu’un autant alors que tu n’as plus aucune raison de le faire.
Puis un jour, tu réalises.
Ce n’est pas toi. Ce n’est pas toi qui n’es pas assez.
C’est lui qui ne la voit pas, ta valeur.
Et c’est ce qui te fait mal.
Mais tu décides de passer par-dessus ton orgueil et tu l’acceptes.
Tu l’acceptes parce que tu sais maintenant que tu mérites quelqu’un qui te trouvera aussi spécial que toi tu le trouves spécial.
Comment vas-tu comprendre tout ça?
Tu vas repenser à ton ami.e qui t’a appelée ce jour-là en pleurant.
Tu vas repenser à sa date qui agissait mal avec elle.
Tu vas te rappeler que tu lui avait dit de partir, parce que la seule pensée de la voir malheureuse et traiter de cette façon te crevait le cœur.
Tu l’aimais assez pour lui dire qu’elle méritait mieux, parce que sa valeur à elle, tu la reconnais.
Tu n’accepteras jamais qu’elle se fasse marcher dessus, manipuler, dénigrer.
Pourquoi l’accepterais-tu lorsque c’est toi?
Alors toi aussi, tu vas décider de t’aimer assez.
Assez pour parler, assez pour partir.
Parce que ton grand cœur te permet de reconnaître la valeur des autres, et c’est ce qui fait de toi un.e bon.ne ami.e.
Maintenant, il est temps de reconnaître la tienne.
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