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Récemment, en retournant à la maison, j’ai pensé à une amie partie, malheureusement, trop tôt…
En fait, en toute honnêteté, ce qui m’a le plus surprise, ce n’est pas d’avoir pensé à elle, mais d’avoir constaté, qu’encore aujourd’hui, je me souviens de beaucoup de détails très précis entourant la nouvelle de son décès.
Même après tant d’années, je peux encore vous dire le nom de la jeune fille dont j’avais la charge, puisque le simple mot « orage » était anxiogène pour elle. Je me souviens de cette journée où il y avait justement eu un orage violent. Même si je ne connaissais pas encore l’événement qui allait se dérouler, je voyais qu’il n’était pas ordinaire, car au camp spécialisé où je travaillais, de grosses branches d’arbres jaugeaient le sol tellement les vents avaient été puissants cette journée-là.
Pendant que j’évitais qu’une jeune fille fasse une crise majeure, je ne pouvais pas m’imaginer que mon amie, qui était à peine à 40 km de moi, elle, sauverait deux vies en évacuant d’urgence la piscine où elle travaillait avant de perdre la sienne.
Le mois dernier, cela a fait huit ans que cette histoire est arrivée. Bien que mon deuil soit, maintenant, loin derrière moi, il n’en demeure pas moins que les images de ce dimanche après-midi de juillet, elles, sont encore fraîches dans ma mémoire. Comme si cela était arrivé hier.
Ce dimanche-là de juillet, je me suis souvenu de tout, même de la première personne qui a franchi la porte du chalet des moniteurs au point de me souvenir de son nom de camp.
Une amie en commun m’avait texté, en journée, pour me demander de la contacter lorsque je serais en pause. Lors de l’appel, je me souviens qu’elle prenait mille chemins pour me parler de quelque chose… quelque chose qui semblait gros.
« Marie, es-tu seule ? », « Marie… j’aimerais que tu me dises lorsque quelqu’un arrivera dans le chalet… », « Marie… assieds-toi, je dois t’annoncer une mauvaise nouvelle… »
Et c’est alors que j’ai entendu ces mots: « c’est fini, Marie, elle est partie… elle est morte… » au même moment où Chica entrait dans le chalet, croisant ainsi mon regard effrayé, pendant que je tentais de me souvenir comment m’asseoir.
Je me souviens qu’elle tentait désespérément de me demander, autant en français qu’en anglais, ce qui se passait, mais j’étais incapable de parler, je ne pouvais que hocher la tête.
Le seul mot que je fus capable de prononcer ce jour-là, dans les premiers instants après que la nouvelle soit tombée, a été: « pompe ». Je sentais une crise d’asthme arriver tellement le choc était énorme…
Mes autres collègues ayant le même horaire de pause que moi sont ensuite arrivées au compte-goutte. Me voyant livide, elles se demandaient ce qui se passait…
Je me souviens encore de ma coordonnatrice qui était attitrée à ce séjour-là. Elle s’appelait Aruba. C’est lorsqu’elle est arrivée dans notre chalet que j’ai enfin pu cracher cette nouvelle oppressante: « mon amie… partie… l’orage… morte… ».
…
Je pourrais continuer ainsi pendant plusieurs lignes pour vous raconter cette partie de ma vie, comment je fus sur le pilote automatique durant la semaine qui a suivi le départ de mon amie jusqu’à ses funérailles… mais…
C’est cette pensée envers cette jeune femme pétillante aux mille et un projets qui m’a poussé à écrire sur ce sujet…
J’ai été toujours surprise par notre capacité à nous souvenir de détails si précis lorsqu’une nouvelle, bonne ou mauvaise, tombe, à un tel point qu’encore, parfois, je me pose la question si nous nous souvenons plus des émotions que nous avons ressenties que desdits détails d’un gros événement traumatisant comme celui que j’ai vécu ce jour-là…
C’est aussi ces mêmes pensées qui m’ont motivée à écrire ce texte et non uniquement mes pensées pour mon amie.
Tout au long que les lignes se sont ajoutées, cela m’a amené à me remémorer d’autres moments de ma vie…
À faire résonner en moi les mots: « Où étais-je lorsque… »
Et bien souvent, même si certains événements se sont avérés des moments plus sombres, je ne pouvais pas m’empêcher de ne pas sourire, car à travers ces moments difficiles, je me suis souvenu du soutien que j’ai reçu, des petites attentions portées à mon égard et de tout autre petit truc afin que les rayons du soleil, malgré l’averse, puissent venir à nouveau chatouiller ma peau et me faire constater que la vie continue malgré tout.
Et vous…
Où étiez-vous lorsque vous avez appris une nouvelle, positive ou négative, qui a changé le cours de votre vie, qui l’a bouleversée à jamais ?
Révisé par Amélie Carrier