Photo: Noémie Plouffe
Ce soir, je dénonce tous ces nouveaux adultes qui se font pointer du doigt.
Qui ont le droit de vote depuis un bon trois ans.
Qui peuvent conduire ici et là depuis un bon cinq ans.
Qui, comme tout le monde, payent leurs impôts.
Achètent du vin, d’la bière, des clopes pis tout c’qui vient avec.
Ce soir, je dénonce le fait que
J’comprends toujours pas pourquoi nos jeunes sont si souvent pointés du doigt.
Qu’importe la situation.
Qu’importe l’enjeu.
J’ai déménagé mi-décembre, en pleine COVID, pleine quarantaine, pleine tempête de neige, dans un appart pas complètement fini de construire.
Tu vois l’genre ?
Tu comprendras que c’est pas le meilleur des scénarios existants, mais deal with it.
Première semaine.
Je reçois un appel me mentionnant qu’à cause de nos deux jeunes occupant le bloc, moi et mon coloc, qui ont déménagé, ils devront repeindre la cage d’escalier au grand complet.
C’qui me fait vraiment rire là-dedans,
C’est que parmi nos voisins, nous sommes les derniers à avoir déménagé, t’sais.
Pis les accrochages de murs qui baignaient là depuis quelques heures n’étaient pas « de nous ».
Pis nos déménageurs n’étaient pas des professionnels, shout out à mes amis ici.
Un mois plus tard,
Je reçois un deuxième appel.
Me mentionnant c’te fois que mon voisin du haut
Pis celui du bas (merci pour Les Sources btw)
Se plaignent d’une certaine vibration.
C’est peut-être quand j’me touche
Ou quand j’baise,
Quand j’passe la balayeuse
Ou quand je lave mon linge,
Parce que oui,
Des jeunes adultes, ça passe la balayeuse pis ça lave du linge.
Rendu là, les scénarios sont sans fin.
C’est peut-être aussi l’épais qui varge din murs chaque soir depuis deux semaines
Who knows, huh.
« Vous êtes bruyants dans les escaliers. »
Ah ok.
Faque le voisin qui t’a appelé
A conclu que le dude d’la semaine passée
Qui a crié dans les escaliers pendant un bon deux minutes
Habitait avec moi ?
Comment il a fait ça mettons, parce que s’il est capable de voir à travers les murs,
Généralement j’l’aurais envié,
Mais là,
Visiblement son pouvoir fait défaut.
J’veux dire, on l’a entendu nous autres aussi, mais c’pas pour autant qu’on en a fait un cas, t’sais.
« En général aussi vous êtes bruyants. »
Si tu parles de mercredi soir passé, celle-là, j’t’la donne, 11 h ont était couchés, mais oui on a parlé plus fort c’te soir-là.
On s’est fait du fun
Un soir de semaine
Pleine quarantaine
Après le couvre-feu,
Dans notre appart.
Mais si tu me parles en général,
J’te dirais qu’en général,
Mon coloc me réveille à 20 h 30
Su’l sofa
Avec ma petite bave su’l bord d’la bouche.
Comme quoi les jeunes adultes aussi peuvent être fatigués de travailler 40 h
Pis peuvent être calmes
Pis écouter Netflix back to back.
« Un véhicule est bruyant le matin. »
C’pas tout le monde qui a les moyens de s’acheter la Tesla de l’année, mon champion.
Pis à part de t’ça,
C’tu écrit « Numéro 5 » sur le hood ?
Si tu reconnais des propos que tu tiens,
Ou si t’es mon voisin qui a appelé pour fausser des infos
Dans un bloc de huit appartements
Pour pointer la cinquième porte
Juste « parce que c’est sûr que c’est eux,
C’est des jeunes »,
Je te lève mon majeur
Pis le deuxième aussi.
J’ai envie de te dire de faire preuve de tolérance.
La soirée que j’vais faire du karaoké jusqu’à 3 h
Pis que ça va se reproduire mainte et mainte fois,
J’vas comprendre.
La soirée que je vais commencer à chiller dans mes escaliers,
À crier,
Pis à y être après 20 h,
J’vas comprendre.
Mais actuellement, tout c’que je comprends
C’est que c’est juste facile de mettre des blâmes ridicules sur les plus jeunes du bloc.
Ça m’fend un peu en deux qu’en 2021 on mette autant de pression sur nos jeunes
Pis que chaque cristi d’fois qu’on a la chance,
On leur crisse un coup de poignard dans le dos
Parce que c’est tellement plus facile
Que de dire que c’est la maman avec son kid qui est dérangeante
Ou que c’est Gyslaine d’en bas,
Souriante comme quatre, mais hypocrite comme huit.
Apprendre à vivre en société
En communauté
En colocation
C’tun peu ça pour tous ces gens qui restent en appartement.
Faque si l’épais qui cloue ses clous
Chaque soir depuis deux semaines te dérange tant que ça,
Va-t’en pas en appart bâtard
Parce qu’on est sûrement une gang qui trouve ça dérangeant,
Mais comme moi pis comme toi,
J’imagine que si t’es dans un bloc
Pis pas dans une maison su’l bord des Caraïbes,
Ça doit être parce que les revenus ne l’permettent pas.
Faque endure les petites affaires normales du quotidien,
Développe-toi une tolérance,
Un vivre et laisser vivre,
Pis rappelle-toi qu’on vit une câlisse de pandémie en ce moment,
Pis que beaucoup de monde
A juste ça à faire,
Clouer des osti de clous.
Sur ce, j’vas aller changer ma brassée
Partir mon lave-vaisselle
Pis passer ma balayeuse.
J’espère que c’est correct pour toi, ma belle Gyslaine.
Par Noémie Plouffe