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Il y a vraiment des jours où je me sens comme un imposteur. Et je ne parle pas de ce moment où on me demande de prouver mon adresse de résidence pour rentrer gratuitement à la Chute-Montmorency et que je réalise qu’étant donné que je n’ai pas de permis de conduire, je n’ai absolument rien pour appuyer mes dires. Non. Je parle de ce sentiment que plusieurs d’entre nous expérimentent au moins une fois au cours de notre vie : cette impression d’avoir volé notre bonheur ou d’avoir simplement eu de la chance dans la vie. On pense souvent au travail, mais c’est un sentiment que l’on peut rencontrer également dans ses études, dans ses passe-temps et même en amour.
Le syndrome de l’imposteur, c’est avoir de la difficulté à accepter les compliments. C’est aussi attribuer ses succès à des causes externes, comme le hasard, le manque de compétition, l’équipe derrière soi ou même le travail acharné. Ben oui, on a cette idée que les personnes douées n’ont pas vraiment besoin de travailler pour y arriver. Que ça doit venir naturellement. On a tous connu à l’école cette personne qui dit qu’elle n’a pas besoin d’étudier pour réussir. C’est frustrant et généralement, on finit par se dire que si on avait vraiment les compétences nécessaires, on ne passerait pas non plus des heures à étudier pour un examen. On finit par ne plus rien vouloir essayer de nouveau. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a peu de chances d’être bon dans quelque chose dès les premiers essais. Pour se développer, il faut généralement mettre une certaine quantité d’efforts, peu importe ce que c’est. Pour ne pas se décourager trop rapidement, ça prend, entre autres, de la persévérance et de la patience, toutes deux des qualités personnelles qui contribuent au succès.
Les conséquences de ce syndrome peuvent être nombreuses. Selon moi, la pire d’entre toutes, c’est de ne pas oser. On est tellement certain d’échouer que l’on n’ose même pas essayer. C’est particulièrement vrai en amour, quand on n’ose même pas s’engager parce que la relation semble trop belle pour être vraie. On peut aussi s’autosaboter. On n’ose pas donner son maximum. Comme ça, on a toujours l’excuse que l’on aurait pu faire mieux. Finalement, on peut avoir tendance aussi à trop en faire pour compenser ce que l’on pense être un manque de compétences.
Dans tous les cas, si on est si dur envers soi-même, c’est que l’on a une certaine conception de notre identité qui correspond plus ou moins avec la réalité. C’est un concept très large, l’identité. C’est aussi large et fondamental parfois que de se décrire en disant que l’on est, par exemple, une amie, une sœur, une fille, une blonde, une mère ou une tante. On se présente toutefois généralement en disant ce que l’on fait dans la vie. Puis, viennent aussi nos passe-temps et nos forces et nos faiblesses.
Pendant longtemps, j’ai cru que je n’étais pas douée pour les langues étrangères. Bilingue ? Non, jamais ce ne serait un mot qui pourrait me décrire. C’était ancré au fond de moi dans la conception que j’avais de moi-même. Un jour, en voyage, une Australienne m’a tendu le livre The Hunger Games en anglais. Elle insistait pour me le donner, car elle avait adoré l’histoire et voulait faire passer le livre au suivant. Je lui ai dit dans mon anglais approximatif que je ne pourrais pas le lire, que je n’allais rien comprendre. Elle a insisté en me disant que j’apprendrais et finalement je l’ai pris quand même. Le jour où j’ai commencé ma lecture, j’ai appris deux choses sur moi-même : je pouvais lire en anglais et, plus encore, j’aimais les dystopies, un genre littéraire que je n’aurais jamais pensé aimer.
Bref, là où je veux en venir, c’est que l’on a souvent une conception si rigide de soi-même qu’elle ne permet pas une évolution dans le temps. En prenant conscience que les étiquettes que l’on se colle volontairement peuvent changer et évoluer dans le temps, on se permet aussi d’expérimenter de nouvelles choses et de s’améliorer. Et surtout, on mérite le succès que l’on atteint. Qu’on se le dise, il n’y a personne qui nous fait de cadeaux dans la vie. C’est impossible qu’une personne cumule les succès par un simple concours de circonstances. Si ta vie va si bien, tu y es certainement pour quelque chose.
Je ne te connais pas personnellement, mais je te le dis : tu mérites tous les succès qui composent ton parcours. Fais-toi confiance.