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Aujourd’hui, je m’adresse à toi, ma petite chérie. Toi qui vis un mélange d’émotions désagréables. Toi qui mets le blâme de cette rupture sur tes épaules. Toi qui te sens responsable d’avoir perdu cette relation si importante à tes yeux.
Lorsque tu entends le mot rupture, tu penses tout de suite à une rupture amoureuse. Ce terme ne s’applique pas vraiment dans ta situation… Malgré tes recherches, tu n’as pas trouvé le terme adéquat pour qualifier ta fameuse rupture. C’est un peu pour cela que tu n’en parles pas : tu as l’impression que cette dernière se voit incomprise par la société. Tu as peur du jugement, mais tu portes également ce fort sentiment de honte.
À la base, tu es une jeune femme qui n’accorde pas ta confiance facilement. Développer des liens significatifs avec autrui est très difficile pour toi. Dès que tu vois l’attachement venir, tu prends tes jambes à ton cou et tu te sauves le plus loin possible. Tu as tellement peur d’aimer, pour ensuite être blessée, que tu préfères n’aimer personne. Avec le temps, ton cerveau a développé plusieurs mécanismes de défense. Tu es terrifiée par l’abandon et le rejet, un peu parce que ton parcours de vie te les a fait vivre trop souvent; un peu parce que la vie t’a arraché ta maman trop rapidement. Une chose est certaine, cette douleur à l’intérieur de toi, tu ne veux plus la vivre.
Malgré tout ce dont je viens d’énumérer sur toi, il y a eu cette personne qui a su se faufiler au travers tes défenses. Cette dernière est arrivée un peu de nulle part, tu n’avais aucunement prévu comment elle se comporterait avec toi. Un peu surprise, tu as découvert d’elle une femme passionnée par sa profession, gentille, avec un cœur en or. Elle t’a accueillie avec un grand sourire et t’a démontré qu’elle se préoccupait de ton bien… elle s’intéressait à toi. Tu n’avais jamais vraiment vécu cela. Tu connectais avec cette personne, vous pouviez discuter de tout et de rien pendant des heures.
Au fil du temps, cette relation te procurait un sentiment de bien-être. Tu as commencé à t’ouvrir à elle, tu lui as confié certains morceaux douloureux de ta vie. Chaque fois, tu te sentais écoutée, mais surtout comprise. Elle possédait cette façon de te dire les bons mots pour te consoler, des mots qui te rappelaient ceux de ta maman partie trop tôt. À force d’en dire sur ton histoire, tu t’es rendu compte qu’elle s’attachait à toi, tu te sentais aimée. Tu n’étais pas habituée à cela, mais le tout te faisait du bien.
Au commencement, c’était sa façon d’agir qui te démontrait qu’elle tenait à toi. Ton mécanisme de défense le tolérait. Jusqu’au moment où elle a tenté de te consoler en te disant « je t’aime ». Ces mots provoquèrent ta défense. Ta seule réponse, très directe, a été : « ne me dis plus jamais ça! » Elle avait touché la corde sensible dans ton cœur. Tu sais, celle du manque d’amour que tu ressens depuis que tu es haute comme trois pommes. Ta réaction était prévisible, tu as pris tes jambes à ton cou et tu l’as évitée pendant quelques semaines. La poussière a fini par retomber et tu as pris ton courage à deux mains pour aller lui expliquer ta réaction.
Elle a été très compréhensive, même que le tout l’a émue. Elle a su, encore une fois, te dire les bons mots. Ceux qui t’ont convaincue de poursuivre cette relation. À partir de ce moment, tu lui as accordé toute ta confiance. Tu t’es permis de retirer ton masque de jeune femme forte devant elle, tu as appris à pleurer. Tu lui confiais tout : tes réussites, tes échecs, tes épreuves. Sa porte était toujours ouverte pour toi.
Sans trop que tu t’en rendes compte , cette relation a comblé le manque créé par l’absence de ta maman. C’était peut-être son approche maternelle, sa bienveillance, l’amour qu’elle te portait. Tu te sentais importante à ses yeux. Pendant trois années, elle t’a soutenue, conseillée, écoutée. Cette relation te faisait te sentir moins seule sur cette terre.
Certaines personnes désapprouvaient le lien que vous aviez. Selon elles, il était anormal et problématique. Elles n’avaient pas tort, ce n’était pas une relation normale entre une jeune femme et un membre du personnel. C’est pourquoi tu as ensuite composé une lettre pour mettre un terme à cette relation sans trop en comprendre les répercussions. Tu as réalisé plus tard que le tout signifiait que votre relation ne serait plus jamais comme avant… Cette personne, si importante à tes yeux t’a annoncé qu’elle devait se recentrer sur les tâches du cadre qu’elle occupait. Les discussions personnelles entre vous deux n’étaient donc plus possibles. Par le fait même, cette relation pourtant si significative pour toi n’existait plus.
C’est un peu comme une rupture pour toi et je comprends. Tu t’es attachée à elle , tu n’as pas écouté ton mécanisme de défense qui te disait de ne pas le faire. Ce n’est pas grave, tu sais. Ce n’est ni ta faute ni la sienne. Certains te jugeront, mais rappelle-toi qu’ils ne possèdent pas le même parcours de vie que le tien. Tu te sens responsable de cette rupture, comme si tu avais été un fardeau pour elle. Tu t’en veux de t’être confiée, de lui avoir pris du temps. Tu as de la peine , elle te manque beaucoup. Tu te sens abandonnée, rejetée.. S’il-te-plaît, arrête de te taper sur la tête et rappelle-toi qu’une relation se construit à deux.
Essaie de réaliser que le tout n’a pas dû être facile pour elle non plus. Je suis certaine qu’elle se soucie encore de toi, qu’elle t’apprécie autant qu’avant. Tu as le droit de réagir à ta manière. Tu es une personne à part entière. Si tu as envie de pleurer, pleure. S’il te faut du temps pour effectuer ta coupure, prend-le. Fais-moi confiance, avec le temps le tout sera moins douloureux pour toi. Souviens-toi de cette relation comme quelque chose de beau, car ce l’était.
Par Mélissa Roy