Source : Unsplash
Lassitude, nom féminin : Abattement mêlé d’ennui, de découragement.
Comme beaucoup d’entre nous en ce moment, je suis lasse. Comme une maladie, je suis atteinte de lassitude chronique.
Alors que je pensais être arrivée au point de m’habituer à notre nouvelle réalité, me voilà qui plonge de plus en plus dans une fatigue intérieure, un ennui profond.
J’ai l’impression que je pourrais faire la sieste sans arrêt, absorber Instagram au complet, puis enchaîner les épisodes sur Netflix, pour faire diversion.
Je cherche sans cesse de nouveaux projets pour m’éveiller, me stimuler; pour soudain me souvenir que l’on est tous coincés ici, chez nous, aux limites de notre ville, pour encore un moment.
Je crois que c’est le plus difficile pour moi, ne pas faire de plans. Pour avancer, j’ai besoin de visualiser un peu les prochaines étapes de ma vie, à court terme ou à long terme. Mais les rêves restent des rêves en suspens, sans devenir des projets.
Les grandes idées de voyage ont fait place aux balades dans tous les parcs autour de chez nous, qui deviennent vite tous identiques.
La liste de restaurants à tester est devenue un inventaire de favoris sur Uber Eats.
Les belles tablées entre amis, où on cuisinait et rigolait tous ensemble, sans se soucier de postillonner sur le plateau de fromages, sont remplacées par des conversations Messenger ou des « Coucou » en coup de vent, en bas des escaliers.
Mon rouge à lèvres, le spécial des soirées en amoureux ou des karaokés entre copines, n’a pas vu la lumière du jour depuis un an. Par contre, je possède maintenant plus de pyjamas réconfortants qu’il n’y a de nuits pour tous les porter!
Les virées en voiture spontanées, de dernière minute, de l’autre côté de la frontière se sont envolées. Les seules virées excitantes sont maintenant celles chez Ikea, qui ont presque un goût d’aventure, quand il n’y a pas 2 heures de file d’attente!
Quand je me raisonne, je me dis que je dois être patiente. Après tout, la planète entière est tannée, pas seulement moi! Je dois être positive, ne pas déprimer pour quelque chose que tout le monde vit. Je ne suis pas la plus touchée, je n’ai pas perdu mon travail, je n’ai pas perdu de proche, je ne suis pas une infirmière débordée ou une personne isolée en CHSLD.
Mais je me dis aussi que toutes nos émotions, à chacun d’entre nous, sont valides par rapport à tout ça. J’ai le droit de me sentir vide, triste. J’ai le droit d’en avoir marre.
Peut-être que le meilleur qu’on puisse tirer de cette situation sur laquelle on n’a aucun contrôle, c’est de se jeter dedans tête première. Accepter ce découragement, cette lassitude et s’en servir pour mieux s’écouter, prendre soin de nous-même, découvrir nos insécurités et nos peurs, mais aussi nos besoins. Exploiter le moment présent. Utiliser tout ce temps vide pour mieux nous connaître, même si ce qu’on trouve en dedans n’est pas toujours glorieux ou agréable à ressentir.
Ça va finir par finir. Alors, en attendant de retrouver toutes les choses magnifiques et pour l’instant incessibles que la vie offre, je vais essayer d’aimer ma lassitude et d’apprendre un peu plus à ne rien considérer comme acquis.