Mon texte d’octobre passé était sur la pression sociale que l’on peut ressentir en vieillissant, de la définition préconçue du monde adulte et de l’espèce de chemin conventionnel que la société nous enseigne (couple, maison, bébés). Et j’avais reçu comme commentaire qu’étant travailleuse sociale, je devrais savoir ce qu’être adulte signifiait. Ce genre de fausses croyances sur le métier d’intervenante m’a questionné. Ce qui m’a amené à remettre en question la parution de mon texte actuel. Par peur du jugement,I guess. Mais, justement, c’est ce genre de jugement que je désire déconstruire avec mes textes. Je crois tellement qu’il est nécessaire et essentiel de briser ces tabous et ces préjugés.
Il y a deux ans, j’ai vécu une rupture très difficile. Les quelques semaines après ont été pénibles. En discutant avec mon médecin, on a décidé qu’on faisait une demande de consultation psychosociale au CLSC. Quelques semaines après, je me retrouvais dans le bureau d’une travailleuse sociale pour m’aider à voir clair dans ce que je vivais. Une intervenante partenaire de l’endroit où je travaille. Une femme que je risquais de croiser dans le cadre professionnel. Et je me suis surprise à être très confortable avec l’idée. Il faut savoir que j’ai moi-même très longtemps eu l’espèce de sentiment de cordonnier mal-chaussé. Tsé, je suis intervenante, j’ai tous les outils pour m’aider, pas besoin d’aller consulter ! (comprendre ici mon sarcasme) J’ai un jour dû piler sur mon orgueil et ce fût la meilleure décision de toute ma vie. En peu de temps, elle m’a poussé tellement plus loin que ce que moi j’arrivais à faire seule. Elle m’a permise de faire des liens entre les différentes prises de conscience que j’avais déjà faites. Elle m’a fait voir les choses plus objectivement, plus clairement. Elle m’a permise de me libérer et de retrouver un équilibre.
Mais, il avait fallu une situation plus « grave », un sentiment de crise pour me décider à aller consulter, comme la majorité des gens qui consultent d’ailleurs. Mais évidemment, en consultant pendant un gros moment de déséquilibre, l’intervenant.e nous aide à remonter le creux, mais cela ne nous permet pas d’aller creuser plus loin ou de recevoir du soutien pour des situations plus banales de notre quotidien.
Alors, récemment, j’ai décidé que j’allais retourner en consultation. Lorsque j’en ai parlé à mon médecin, elle s’est tout de suite empressée de me demander comment j’allais « vraiment ». Je ne vais pas mal, contrairement à ce qu’elle croyait vu ma demande pour une psychologue. C’est à moment-là que j’ai compris que, même en 2020, on entretient encore des peurs et beaucoup de préjugés par rapport aux gens qui ont « besoin d’aide ». Je sais qu’elle a bien fait de s’assurer de mon état, mais ce qui m’a surprise c’est de remarqué qu’elle semblait perplexe quand je lui disais que je n’allais pas mal, que j’avais seulement besoin et envie de jaser avec quelqu’un pour m’aider à avancer, évoluer et mieux comprendre certaines choses.
T’sais, « avoir besoin d’aide », c’est vague. Pas besoin de se sentir sur le bord du précipice pour avoir besoin d’un soutien extérieur à toi et ton propre réseau pour continuer à avancer. Pas besoin d’attendre d’être en dépression non plus pour avoir envie de prendre soin de toi si tu sens que tu as besoin de le faire de cette façon.
Ah oui et, sans oublier, consulter c’est « pas juste pour les fous » …
Je ne pouvais pas écrire ce texte sans parler de cette expression. Aller voir un psychologue, un travailleur social, un sexologue, un psychothérapeute, etc., c’est pour tout le monde. Ce n’est pas le droit ou le besoin d’une seule catégorie de personnes. Parce qu’au final, peu importe ton métier, tes connaissances, ton diplôme ou ton niveau scolaire, on est tous et chacun des humains qui vivent parfois des périodes plus difficiles et qui ont, très souvent, des besoins similaires.
Alors ne t’empêche pas de le faire si jamais tu en ressens le besoin et ne suppose pas de l’état de quelqu’un de ton entourage si tu apprends qu’il consulte. Il est important de briser ces tabous et d’être fier.ère d’aller chercher du soutien si tu en ressens le besoin, peu importe ta situation ou ton état. Parce que reconnaitre qu’on a besoin de trucs, de conseils, d’écoute ou peu importe est un geste de reconnaissance de soi et d’amour propre.
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