Je ne veux pas me réveiller un mardi matin à six heures quarante-sept en me disant que j’aurais donc dû. Un mardi glacial de février, ce n’est pas une bonne journée pour se rendre compte que t’as raté ta vie. Mais the point is qu’un mercredi soir de juillet ce serait pas un bon moment non plus.
Je me demande souvent quand la cassure des adultes s’est faite. Est-ce que tout le monde le jour de ses 34 ans 3 semaines et 1 jour se rend compte que la vie c’tun peu chiant parfois? Est-ce que tu sens la seconde dans ton existence où tu baisses les bras? La lassitude qui t’envahit lorsque tu penses à toutes les choses que tu pourrais changer, elle arrive d’un coup ou un peu chaque jour?
Je vois des gens qui ont cessé de croire. Qui se sont résignés à leur vie de marde. L’autre jour, j’ai cherché « résignation » dans le dictionnaire. Ça disait « supporter sans protester quelque chose de pénible, d’inévitable; abandonner la lutte » pis je me suis dit qu’abandonner la lutte contre la vie c’était ben la pire lutte à abandonner.
Des fois je me sens mal d’avoir de l’espoir pour ma vie, mes rêves, mes ambitions. J’ai toujours l’impression que ça va me péter dans’ face. Je voudrais avoir une notification sur Facebook lorsque je serai sul’ bord de commettre une grosse erreur, du genre « Attention, cette action modifiera le cours de votre vie de façon négative. Voulez-vous continuer quand même? » et pouvoir y réfléchir à deux fois.
Peut-être que c’est ça qui se passe à 34 ans 3 semaines et 1 jour. Peut-être qu’on comprend qu’on va faire des mauvais choix toute notre vie, mais qu’il faut apprendre à les accepter et à vivre avec. Notre vie sera pas parfaite. Y’a des journées où je vais me dire que j’ai toute toute toute ce que j’ai toujours voulu, d’autres où je vais me dire que j’ai rien pantoute.
Je ne veux pas rater ma vie. Mais ça se rate pas, une vie. Ça se passe, pis c’est toute.
Par Rosie Morin-Michaud
Geneviève Lamoureux
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