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Mon premier été sans me raser

L’été arrive à grands pas! Les journées sont plus longues, le soleil se couche tard, on sortira bientôt pique-niquer dans les parcs, boire sur les terrasses, à la piscine municipale ou à la plage… On enfilera nos shorts, nos camisoles, nos gougounes, et puis ben, on gardera nos jambes velues (ou pas), nos aisselles chevelues (ou pas), nos aines poilues (pourquoi pas)?

J’avais envie de vous parler de comment j’en suis venue à adopter le complet laisser-aller du rasage-épilage, des aisselles aux petits poils de dessus d’orteils.

D’abord, je n’ai jamais été très assidue à l’ouvrage… Je me souviens des petites machines à épiler, qui me faisaient mourir de douleur chaque fois que j’essayais de m’épiler les jambes, plus jeune, ou des rasoirs trop coupants qui m’ouvraient la peau de temps en temps. J’étais peut-être juste pas bonne, ou pas résistante à la douleur, mais ce n’était pas mon genre du tout. J’ai bien déjà eu des remarques réprobatrices d’amies, de ma mère… Mais jamais des gars que j’ai fréquentés. Ça ne les a jamais dérangés de me voir me pavaner le duvet.

On accorde souvent trop d’importance à ce que les gens vont penser de nos allures, faut se faire un peu plus confiance.

J’avoue que je me suis posée la question dernièrement de : ça allait envoyer quel message que je me promène en talons hauts avec du poil sur les jambes. Ben oui. J’ai eu un doute. Je me suis souciée du regard, encore. D’un côté je me dis, je pourrais juste arrêter de porter des talons, en même temps, je trouve que les chaussures amènent de la personnalité à un look, un certain style. C’est drôle parce que plus j’y pense, me promener poilue en maillot de bain ne me dérange pas, ni en camisole, ni en short avec des espadrilles.

Ce qui me rend mal à l’aise, c’est le fait de vouloir me montrer dans cette « féminité encadrée » que propose le talon haut, avec cette « féminité libérée » que m’apporte le non-rasage. Je suis dans cette dynamique-là. Les talons que j’ai gardés sont confortables, ils ne me blessent pas, ils sont colorés et jolis, et malgré ça, je conserve ce malaise… Comme si d’un côté, je n’allais pas plaire au commun des mortels… Douleur, tremblements… Ben non, juste que j’ai l’habitude de ne pas avoir le style commun, à la mode, et que je sais d’avance que je ne cherche pas l’approbation de toutes les personnes. Par contre, je ressens un jugement aussi de la part de mes amis plus féministes… Le talonnnnn. Franchement.

Une chose est sûre, c’est que si je ne trouve pas que jambes poilues et chaussures à talons vont ensemble, c’est parce qu’on le voit rarement dans la rue. C’est un entre-deux plutôt peu commun. Mais si je ne veux pas me raser, et qu’il m’arrive de vouloir porter des talons, il me faudra bien passer par-dessus ma peur frileuse des jugements.

Mais il ne faut pas oublier que tout demeure une affaire de liberté de choix. Ce n’est certainement pas aux autres de me dire comment me chausser, ou comment faire disparaître de mon épiderme, ces poils qui y apparaissent pourtant de manière naturelle.

Les mannequins de feu American Apparel et leurs pubis velus

La belle Jemima

The hairy legs club

Psst, on te laisse sur Maipoils (ICI), un événement (1ère édition en 2017) durant tout le mois de mai qui invite les hommes et les femmes à ne pas s’épiler ni se raser dans le but d’éclater les diktats de beauté et de donner des nouveaux modèles de corps diversifiés. Permettre à quelques jeunes femmes de ne pas entrer systématiquement dans leur puberté avec un rasoir à la main serait déjà une grande victoire. Se poser des questions sur une pratique rarement questionnée, en parler et offrir des alternatives à l’empire du lisse pour que tout le monde y trouve son compte. ?

***

Crédit dessin de couverture Kaël Mercader

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