Je crois fondamentalement que l’être humain n’est pas fait pour le train de vie occidental qu’on lui impose en conjuguant linéarité, conformité et performance. Si on n’y porte pas attention, on se fond dans ce moule artificiel et tranquillement, insidieusement, on devient un engrenage du système qui ne fait que travailler, consommer et se distraire pour échapper à sa triste réalité.
On se fait dire qu’il est important de trouver un bon emploi pour bien vivre : avoir une belle voiture et une grande maison, entretenir son apparence, faire des enfants et planifier son fond de retraite. On en vient alors à se contenter d’un emploi qui nous rend malheureux, parce qu’après tout, c’est ça, être un adulte responsable. On aura le temps d’être heureux plus tard : pendant la pause, la fin de semaine, aux vacances, à la retraite… Enfin, c’est ce qu’on croit, parce qu’au fond, nous sommes les seuls à nous imposer cela. Pendant ce temps, on gaspille les précieuses et irremplaçables minutes de vie qui nous sont accordées.
Il y a peu de temps, j’ai laissé tomber un emploi qui m’offrait d’excellentes conditions de travail, une stabilité à long terme et un salaire adapté à mon baccalauréat. Tout cela pour devenir barista. Certains n’ont pas compris. J’ai mis la clé sous la porte sans regarder en arrière parce que j’avais en moi cet instinct qui me criait que je méritais mieux, qu’un chemin lumineux m’attendait et qu’il m’entraînerait là où était réellement ma place. En changeant d’emploi, j’ai priorisé ma qualité de vie. Je me suis choisie.
Peut-être avais-je de bonnes conditions de travail et un emploi dans mon domaine qui paraissait bien aux yeux des autres, mais j’ai fini par réaliser qu’y consacrer mes journées me rendait fondamentalement malheureuse, à des années-lumière de la personne que je souhaitais être et du mode de vie dont je rêvais. Faire un travail qu’on déteste, c’est gaspiller une énergie précieuse qu’on aurait pu consacrer à notre bien-être, à nos passions et à nos réelles ambitions.
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Pour moi, en ce moment, le bonheur et la réussite, c’est d’être barista. C’est faire un geste concret pour l’humanité en illuminant la journée de mes clients par un café servi avec le sourire. C’est faire des rencontres inspirantes, croire en ce que je fais, stimuler ma créativité, avoir l’impression d’être en vacances sans avoir à m’acheter un billet d’avion. C’est surtout aimer mon quotidien à la place d’avoir envie de le fuir.
Au fond, qu’est-ce que « réussir » dans la vie? Est-ce d’avoir un bon salaire, du prestige et une grosse maison? Selon moi, « réussir » est tout simplement ce que nous voulons que ce verbe représente. Être heureux. Aimer son métier. Avoir une famille et des proches qui nous aiment et nous inspirent. Garder son cœur d’enfant. Se consacrer à sa croissance personnelle. Faire le bien autour de soi. Vivre en harmonie avec cette belle terre qui nous abrite. Ou tout simplement être vivant et faire en sorte que cette existence en vaille la peine.
Alors, tout ce que je vous souhaite aujourd’hui, c’est d’écouter votre instinct, car c’est lui et non votre entourage et vos craintes qui est à même de savoir ce qui est bon pour vous. Prenez des risques même si ça vous fait peur, parce que c’est le seul moyen de ne pas avoir de regrets plus tard. Dépassez-vous pour vous façonner une existence de laquelle vous n’avez pas à vous sauver en prenant des vacances. Trouvez-vous un emploi qui vous donne envie de vous réveiller le matin et non de regarder l’heure constamment, car chacune de vos minutes est un potentiel précieux à exploiter.
Si, comme c’était le cas pour moi, vous avez l’impression que votre travail détruit tranquillement votre âme, c’est que ce n’est probablement pas la place pour vous. Le plus beau cadeau que vous pouvez vous offrir, c’est trouver un travail qui ne vous donnera pas l’impression de travailler. Car, après tout, vous y consacrerez la majorité de votre vie, et cette dernière appartient à vous seul et à personne d’autre.
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