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maladies

J’aimerais spécifier en commençant qu’aucune maladie n’est considérée comme étant appréciée ou bienvenue dans notre entourage. Aucune maladie n’a la réputation de nous rendre la vie plus facile ou plus légère. Malgré tout, la catégorie des maladies invisibles se fait mener la vie dure. Malgré les campagnes de sensibilisation, les préjugés s’agrippent comme la rouille sur un vieux char.

Je pense qu’on peut juger le taux de je-m’en-foutisme d’une société quand la plus grande levée de fonds pour une cause se fait en une seule journée par une grosse multinationale.

Les gens atteints de maladie mentale, on aime montrer qu’on les accepte en partageant un message empathique sur notre mur, en ajoutant une bannière bleue à notre photo de profil et en regardant les J’aime s’accumuler dans un coin de l’écran. On aime aussi oublier notre participation à ce mouvement quand Suzanne part en congé de maladie et que ses dossiers se ramassent sur le coin de notre bureau.

Bien sûr, on a fait du chemin depuis quelques années au sujet de la maladie mentale. Faut dire qu’on partait de loin, surtout. On arrive à mieux saisir notre neveu atteint de TDAH, notre maman qui souffre d’un trouble d’anxiété et notre cousin qui fait une dépression. On le sait que ce n’est pas leur faute ; on se dit que ça leur « tombe dessus ».  Ça aurait pu être n’importe qui d’entre nous…

Pourtant, sous ces maladies les moins aimées se cache une catégorie de maladies qu’on exècre encore plus. Une catégorie de maladies si abominable qu’on la fuit comme la peste. Une catégorie qu’on ne considère pas comme des maladies, en fait, mais plutôt comme des menaces.

« Non à la stigmatisation de la maladie mentale ! », écrit-on fièrement en capture d’une vidéo d’une vedette qui parle sans tabou de sa dépression.

Malgré tout, quand on croise une fille en psychose dans le 800 ou un sans-abri qui s’automédicamente avec de la cochonnerie devant l’Intermarché, on se dit pas que ça lui est tombé dessus. Quand ça nous fait peur, on ne se dit pas que ce n’est pas de leur faute ou que ça aurait pu être nous. On se dit qu’ils n’ont pas fait ce qu’il fallait pour s’en sortir. On a l’impression que c’est leur personnalité. On n’a pas l’impression que c’est le trouble de bipolarité, le trouble de personnalité limite ou le trouble schizoaffectif. On n’éprouve pas la même empathie par rapport à une personne atteinte de schizophrénie et une atteinte de dépression.

Quand la maladie est envahissante, qu’elle fait du bruit, qu’elle crie, qu’elle pleure et qu’elle panique, quand elle n’est plus seule dans une chambre sous ses draps à cacher sa laideur au reste du monde, quand elle dérange, c’est là qu’on la juge.

C’est là qu’on lui dit qu’elle est folle.

Et c’est là-dessus qu’on devrait travailler désormais. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour arracher la clôture entre les différents troubles de santé mentale. Pis on ne peut pas y arriver en forçant rien qu’une fois par année.

Crédit photo couverture : Frida Aguilar Estrada (Unsplash)

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