Ou c’est quoi être aromantique
Crédit photo : Thomas Peham, Unsplash
L’amour, c’est beau. Tout le monde le dit. Tomber en amour, c’est le plus beau sentiment qu’on peut vivre. Il n’y a rien de plus cute que des gens qui s’aiment vraiment, qui veulent passer leur vie ensemble. La société nous enfonce cette idée dans la gorge depuis la naissance : le but dans la vie, c’est d’être en couple. Peut-être avoir des enfants. Idéalement une job que tu aimes. Si tu es chanceux, être propriétaire de ta maison. Mais surtout, être en couple. Tu es bien, seul.e? C’est bien, mais ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une question de temps avant que le bon ou la bonne arrive dans ta vie. Tu veux rester seul.e? Ouais, tu dis ça maintenant, mais attends de vieillir un peu, ça va changer.
Faut l’admettre, une personne qui est célibataire toute sa vie, c’est bizarre. On se dit : « C’est un vieux garçon, une vieille fille. Ils n’ont pas assez essayé de trouver la bonne personne. Ils doivent être trop timides ». Jamais on ne va penser que peut-être, who knows, cette personne n’est tout simplement pas attirée romantiquement par personne. Que l’idée même d’être en couple lui semble absurde. Qu’elle est parfaitement heureuse comme elle est, et qu’elle ne serait pas plus heureuse autrement.
Eh bien, surprise! C’est ça qu’on vit, nous, les aromantiques. Attention, je dis bien aromantique, pas aromatique. Ça, c’est quand tu sens bon. Aromantique, c’est quand tu n’éprouves pas d’attirance romantique pour personne. À noter qu’on peut être aromantique ET aromatique, l’un n’empêche pas l’autre.
Bref, quand tu es aromantique, mais que tu ignores encore que tu l’es parce que tu n’as JAMAIS entendu ce terme de ta vie et que tu es CONVAINCU que tout le monde trouve l’amour, celui avec un grand A (et que c’est même attendu de nous), ben quand tu vis ça, c’est vraiment, vraiment pas cool. Infernal, même. Ouais, j’irais jusqu’à dire ça.
T’sais, quand tu es entouré.e de personnes qui tombent en amour ou qui rêvent de tomber en amour, et toi tu es là, dans ton coin, à rêver de… je ne sais pas moi, d’aller à Poudlard, de voyager sur les terres du milieu, de devenir archéologue, de cuisiner des cheese-cakes véganes… ben tu te dis que ce n’est pas normal. Tu n’es pas normal. Quelque chose cloche avec toi. Pourquoi tu ne veux pas être en couple? Pourquoi l’idée d’une date te donne envie de te gunner? Pourquoi te forces-tu à fréquenter des gens, alors que pour les autres cela semble si simple? Désirable?
C’est quoi ton problème?
Quand j’ai découvert le terme aromantique pour la première fois, j’ai pleuré. Je lisais ce que les autres aros (notre petit nom) écrivaient sur leurs expériences, et je me voyais moi. C’était ma vie dans leurs mots. D’autres personnes vivaient la même chose. Il y avait même un terme pour le décrire : Aromantique. Je n’étais pas brisée, j’étais aromantique. Je n’étais pas seule.
Je ne suis pas seule.
Aujourd’hui, avec du recul, je trouve ça drôle. Les gens comprennent rarement ce que je peux ressentir en tant qu’aromantique. Ils ne comprennent pas comment quelqu’un peut vouloir rester célibataire toute sa vie. Par plaisir. Parce que c’est ce qu’elle veut le plus. Ils acceptent (pas toujours), mais ils ne comprennent pas.
Ben je vais vous dire un truc : je ne comprends pas comment quelqu’un peut vouloir être avec une personne de manière intime toute sa vie. Ou même juste une partie. Je ne comprends pas ce qu’est le deal, le but d’être en couple. Pourquoi les gens font ça. Se font ça. OK, I get it, l’amour, c’est beau. Il y a des bonnes choses à être en couple. Mais à mes yeux d’aromantique, aucune de ces bonnes choses ne peut justifier les efforts mentaux et émotionnels que nécessite l’entretien d’un couple. It’s just not worth it. À mes yeux d’aromantique, je ne serais jamais aussi bien avec moi-même que seule.
Mais cela ne veut pas dire que je ne connais pas l’amour, que je ne le désire pas.
Pour moi, le plus beau sentiment d’amour qui existe, c’est envers ma famille et mes amis proches. Je ne connais rien d’autre. Et je suis complètement comblée par cet amour. Je n’ai besoin de personne d’autre pour me compléter, je suis un être complet à moi seule. Et cet amour familial et amical est aussi puissant et important, à mes yeux, que l’amour avec un grand A.
Je serai toujours la troisième roue. J’aurai toujours des amis qui vont me délaisser pour leur chum ou leur blonde. L’amour que je porte aux autres sera toujours vu comme un amour de second degré. Mais c’est correct. L’être humain est un être complexe et nous sommes tous différents. Je n’en veux pas aux romantiques de me mettre en deuxième place, car je sais qu’ils sont différents de moi. Cela ne m’empêchera pas de les aimer à ma façon, qui est une vraie forme d’amour en soi, juste différente de la leur.
Si tu ne t’es jamais sentie attirée par les relations romantiques, si tu as de la difficulté à vouloir être ou rester en couple, si tu as toujours été bien seul.e et que tu veux le rester… eh bien tu es peut-être aromantique. Et félicitations : tu n’es pas anormal.e, tu n’es pas brisé.e. Plein d’autres gens sont comme toi.
Tu n’es pas seul.e.