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La représentation LGBT à la télévision québécoise

La télévision québécoise rejoint, touche et distrait des millions de personnes chaque jour, mais elle échoue, malheureusement, lorsqu’il en vient à la représentation fidèle de sa société. Le peuple québécois n’est-il pas plus complexe que la représentation d’une classe moyenne blanche et hétérosexuelle?

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Des personnages marquants qui s’étalent sur plus de deux décennies viennent à l’esprit lorsque l’on parle de représentation LGBT à la télé québécoise. Des personnages comme Jean-Lou de La

Petite Vie, une série au ton caricaturiste où les stéréotypes sont exploités démesurément, ou encore Jimmy Mercier et Philippe Lalumière dans Lance et Compte avec leurs parcours tragiques. Ces types de représentation, non pas inutile, n’aident cependant pas la cause LGBT si elles ne sont pas contrebalancées par des personnages LGBT sains et variés, tant au niveau de l’ethnicité que de leur capacité physique et mentale, auxquels les Québécois et Québécoises peuvent s’identifier. De toute façon, même si les personnages LGBT des dernières années avaient été écrits, non pas de manière parfaite, mais authentiquement, un peu à la manière de Jean-Charles dans Les Boys, leurs apparitions trop éparses dans les dernières décennies empêchent de créer un réel impact sur l’acceptation collective de la communauté LGBT par la société québécoise.

Aujourd’hui, Unité 9 semble détenir le monopole de la représentation LGBT au Québec, mais la production de cette série n’arrive pas, selon moi, à exploiter le plein potentiel que cela pourrait lui apporter.

En effet, les relations lesbiennes dépeintes dans la série sont réduites à n’être que toxiques ou expérimentales et le traitement des personnages LGBT formant le personnel de Lietteville est aussi problématique. Ce n’est pas avec des Normand Despins, des Gwendoline Bachand et des Nancy Prévost que la cause LGBT avancera. Pas quand l’un est le seul homme homosexuel et est un personnage détesté, quand l’une est grossièrement renvoyée lorsque son identité de femme transgenre est révélée, ou quand la dernière meurt tragiquement peu de temps après que son orientation lesbienne soit subtilement avouée.

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Par chance, la télé jeunesse vient sauver la mise avec des personnages attachants et authentiques comme celui de Frank et possiblement celui de Sarah, dans Le Chalet. Depuis, on peut voir dans nos écrans de plus en plus de téléséries qui incluent des personnages LGBT. Cheval-Serpent, avec son couple central campé par deux femmes fortes, et Les Pays d’en Haut, avec sa représentation délicate du couple formé par Donatienne et Pâquerette à l’époque de la colonisation, sont deux séries qui représentent de manière juste des couples formés par deux femmes. La société québécoise est plus complexe et diversifiée que ce que l’on voit à la télévision. Ce n’est rien de nouveau, mais maintenant, c’est assez.

Le fond du problème, cependant, n’est pas la mauvaise représentation de personnages LGBT, mais le trop peu de représentation. Si, dans chaque série télévisée, un ou deux personnages importants s’identifiaient à la communauté LGBT, il importerait peu qu’ils soient bien ou mal écrits, qu’ils soient aimables ou non. Il y a des centaines de personnages hétérosexuels mal écrits et peu aimables, mais il y en a encore plus qui sont attachants et auxquels les gens peuvent s’identifier, grâce auxquels ils se sentent moins seuls. Il n’est pas question ici de personnages parfaits, mais de personnages humains.

Par Marie-Pier Gosselin

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