La pièce Les enivrés d’Ivan Viripaev est présentée du 21 novembre au 16 décembre au théâtre Prospero à Montréal. À l’heure des partys de Noël, soirées souvent plus qu’arrosées, dont on ne souhaite pas toujours se rappeler le lendemain, la pièce de Viripaev tombe à pic.
Habitué aux thèmes du désenchantement et de la détresse, tant d’un point de vue sociétal que personnel, l’auteur signe ici une pièce sombre qui fait la critique des conventions sociales comme le mariage, le travail, le bonheur, la religion. Dans une atmosphère nimbée d’alcool et d’excès, Les enivrés possède une absurdité qui rappelle les dialogues en boucle des œuvres de Beckett et, un peu aussi, la névrose des personnages de la pièce Des arbres à abattre de Thomas Bernhard, mise en scène par Krystian Lupa cet été, à Québec.
La distribution en or, qui compte entre autres Paul Ahmarani, David Boutin, Maxime Denommée et Maxim Gaudette, y emprunte des figures de clowns tristes, tantôt enfantins, tantôt philosophes. Les tableaux s’enchâssent rapidement, les comédiens changent maintes fois de costumes et les décors disparaissent dans les limbes d’un rideau en lamelles de plastique façon lave-auto. La mise en scène, orchestrée par Florent Siaud, qui avait monté Illusions sur les mêmes planches en 2015 (précédée par Oxygène, mise en scène par Christian Lapointe en 2013), demeure dynamique du début à la fin. Les quatorze personnages, interprétés par les dix comédiens, y vont de chorégraphie en chorégraphie, mimant les vagues du bateau ivre qui les portent tout au long de la soirée. La prostituée, l’époux en enterrement de vie de garçon, le cinéaste cancéreux, le couple cocu, le couple récemment marié, toutes les raisons sont bonnes pour se saouler! Après, il faut faire avec les épiphanies que l’alcool procure chez les ivrognes.
À voir du 21 novembre au 16 décembre, au théâtre Prospero.
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