Ben écoute…Je suis certaine que tu as fait de ton mieux.
Non, pas vraiment. J’aurais pu faire mieux. Je pourrais encore faire mieux. Je pourrais dormir 8 heures toutes les nuits. Je pourrais méditer dix minutes chaque matin. Je pourrais étudier plus, écouter de la musique de son de la mer dans ma chambre tous les soirs et prendre un shooter de vinaigre de cidre de pommes tous les matins.
Je pourrais faire tellement plus. Je pourrais faire tellement mieux. Mais je ne le ferai pas, ni aujourd’hui, ni demain.
Il fût un temps où l’école était ma vie. Ma vie sociale remplissait les petits trous laissés par mes séances d’étude chargées et mon horaire de sommeil récupérateur. Physiquement, je me sentais très bien. Reposée, alerte, confiante même.
Petit à petit, je me suis sentie seule et étourdie. Rentrer le vendredi soir et n’avoir rien de mieux à faire que réviser et me coucher tôt. Parce que, à faire ça tous les jours de la semaine, il ne reste que le vendredi entre 17h et 22h pour développer des amitiés. Plus tard que ça, je vais fucker mon rythme circadien c’est certain. Je n’avais que seize ans, et pourtant, je n’étais proche de personne.
J’ai passé à côté de beaucoup au nom des maths fortes et du français. J’en fais de l’anxiété de performance et des crises d’angoisse. Entendre un bruit sourd dans ses oreilles, voir sa vision rétrécir, son rythme cardiaque augmenter et comprendre que même respirer sera difficile. J’avais mal à la tête. J’appréhendais les lendemains.
Mais ça ce n’était pas important, parce que je réussissais. J’étais bonne, on avait une raison d’être fière de moi. J’avais une raison d’être fière de moi. À défaut d’avoir confiance en qui j’étais, je pouvais au moins avoir confiance en ce que je faisais.
Ça va avoir pris des tempêtes dans ma vie, des mois difficiles, des montées d’anxiété et des regards dans le miroir en me disant : « Vis avec, endure, ça va passer. »
Qu’est ce qui te force à rester dans ta routine? Si tu es honnête avec toi-même, pour qui agis-tu de la façon dont tu le fais? Un jour, avoir une mauvaise note va faire moins mal. Skipper le yoga matinal pour dormir n’entraînera plus de culpabilité. Dormir 5 heures parce tu as a passé la soirée à créer de magnifiques souvenirs va en valoir la peine. Un jour, peut-être que toi aussi tu considéreras que tu as les meilleurs amis du monde et que tu auras le goût de te lever chaque matin pour voir ce que la vie te réserve.
Et si le prix à payer pour te sentir comme ça était d’accepter une déception de la part de gens ne vivant pas ta situation? Désolée grand-maman, au moins, maintenant, je suis heureuse.
Les barèmes que tu t’imposes, cette perfection selon tes standards, ça t’appartient. Je ne dis pas que vouloir performer est mal, mais sache que tu vaux tellement plus que cela. Tu es tellement plus. Tellement plus que ton apparence quand tu relâches ta routine d’entraînement. Tellement plus que tes notes quand tu ralentis pour prendre soin de toi.
Ce n’est jamais facile de considérer qu’on n’a pas réussi à être la personne qu’on s’était conditionné à être, qu’on aspire peut-être à être aussi. Je t’invite à constater tout ce que tu as gagné et à te rappeler que tu as le droit d’être un work in progress. Ce n’est pas de la lâcheté de se choisir ici, maintenant, plutôt que de choisir la personne que nous espérons être dans le futur. Elle peut attendre elle, ton petit bonheur et ton petit coeur de décembre, il peut pas lui.
Toi, qui attends toujours la productivité et la performance de ton cerveau, pour une fois, je t’en prie, laisse ton sourire performer et souffle un peu.
Profite.
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