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cellulaire

J’étais en train de me dandiner les hanches sur du Beyoncé comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’était ma première soirée en voyage à Londres, et je m’enfilais des shooters avec des amis dans un bar typique anglais, accents Harry Potter pis toute.

C’était pas pire agréable.

Puis, rapidement, 3h du matin a sonné. Les lumières du bar se sont allumées. Je me suis retournée vers la chaise où j’avais déposé mon manteau et mon sac à main. J’ai enfilé le tout sur mon dos, puis suis sortie à l’extérieur afin de commander un Uber.

Mais c’était impossible. Mon cellulaire n’était plus dans mon sac.

Petit élan de panique. Les sueurs froides ont embarqué. Avec les amis, nous sommes retournés dans le bar, à scanner chaque parcelle du plancher maintenant collant d’alcool.

Aucune trace de l’appareil.

On a essayé de m’appeler. Ça tombait directement sur la boîte vocale. C’est là que j’ai réalisé : on m’a volé mon téléphone.

J’étais fâchée. Et pompette, ça aidait pas. Mais je me suis dit que ça allait être ok.

Le lendemain matin, par contre, ce fût une autre histoire. Je me suis rendu compte comment ce n’était pas ok. Puisque j’étais en voyage, je me suis dit que j’allais régler la situation à mon retour. Mais je me suis rendue compte à quel point j’allais avoir des maux de tête dans les prochains jours.

Mon cellulaire.

La première chose que je me suis dit, c’est : « maudit, je ne pourrais pas prendre de photos de mon voyage ». La deuxième : « bâtard, je voulais travailler un peu cette semaine, sans mon cell je ne servirai pas à grand-chose ».

Les sueurs froides ont embarqué de nouveau.

Je ne pouvais pas être fonctionnelle sans mon cellulaire. J’allais faire quoi, moi, dans le métro, dans le bus, à me rendre à mes différentes destinations de voyage, han?

J’allais faire quoi quand j’allais voir des paysages à couper le souffle, une belle architecture? J’allais faire quoi?

Les 24 premières heures ont été pénibles. Une sorte de sevrage. J’avais l’impression que ma main était constamment vide, nue. Il n’y avait pas d’écran dans sa paume. Ce n’était pas normal.

Puis, le jour suivant, quelque chose a changé.

J’ai réalisé à quel point je n’avais pas besoin d’avoir constamment les yeux rivés sur l’écran.

J’ai troqué les séances de stalking par des séances de contemplation de mes environs. La vie de Kim Kardashian est pas mal moins intéressante que de voir Londres s’animer devant ses yeux. Je me suis retrouvée au cœur d’une marre de touristes au Harry Potter World. Pendant qu’ils visitaient la place à travers la lentille de leur caméra de téléphone, j’admirais de mes propres yeux le monde magique qui se dévoilait devant moi. Dans le métro, au lieu de baisser la tête vers un écran pendant 45 minutes à répondre à des courriels de job, j’ai levé le menton et pris le temps de regarder les gens autour de moi. Écouter les accents environnants. M’imprégner dans le présent.

Et non pas dans une partie de Candy Crush.

Crédit photo couverture : Ben O’Bro (Unsplash)

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