People, on a un problème.
Là j’vais vous demander de faire quelque chose de très peu intuitif.
Pensez à vos complexes, physiques ou autres. Pensez à ce qui vous rend anxieux.se.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous pensez ça?
Pourquoi ce qui nous rend uniques en tant que personne nous stresse autant? Pourquoi donc, dans un monde où on crie haut et fort que tous doivent s’accepter tels qu’ils sont, on est incapable de le faire pour soi-même?
Pourquoi dès que quelque chose de notre personne ne ressemble pas à un cover de magazine ou qu’on a l’impression de ne pas être mentalement à 100 % en tout temps, on panique et on angoisse comme si notre vie ne valait absolument plus rien?
Est-ce que quelqu’un quelque part est réellement dérangé parce que vous avez un millimètre de trop entre vos dents?
Est-ce que quelqu’un quelque part vous trouve réellement hideux.se parce que vous avez un peu de cellulite dans le haut des cuisses?
Est-ce que ça dérange réellement quelqu’un votre poil? À part parce que « Ça ne devrait pas être là parce que la société m’a dit que ça ne devrait pas être là selon des standards établis par who-knows-who? »
Ils viennent d’où donc, ces complexes?
Tous les individus sur cette planète ont l’impression qu’ils ne sont pas assez ci, trop ça. On pense qu’on est seul au monde avec nos angoisses, mais on ne se rend pas compte à quel point c’est un fléau qui touche littéralement tout le monde.
La fille que t’envies pour sa taille de guêpe là-bas en train de se commander un double espresso? Elle est passée par deux ans d’anorexie.
L’homme aux dents parfaites que t’as croisé dans le bus? Il a souffert le martyr durant son secondaire et arborait un sourire métallique.
Et même à ça, ses dents le préoccupent probablement, parce que j’ai entendu récemment une demoiselle à la dentition parfaite me dire « Je n’aime pas mon sourire parce qu’il n’est pas naturellement beau ».
J’ai eu mal en entendant ça. Que peu importe le travail effectué afin de ressembler à ce qu’ils veulent, les gens trouvent toujours une bonne raison de se dénigrer.
Récemment, j’ai frappé un mur. J’ai atteint un plateau que je m’étais promis de ne jamais atteindre. Je me suis pesée pour la première fois depuis un petit temps et les chiffres sur la balance m’ont fait mal comme un pieu au cœur. Jamais de ma vie n’avais-je déjà accordé de l’importance à ce nombre. « C’est juste un chiffre, l’important c’est comment tu te sens! ». Combien de fois ai-je répété ça à mes chums de filles? Combien de fois elles m’ont répondu que je ne pouvais pas comprendre!
Pour la première fois de ma vie, depuis quelque temps, je comprends c’est quoi avoir un paquet de complexes. Je comprends pourquoi plusieurs personnes n’aiment pas se promener en maillot, se regarder nu.e dans un miroir ou faire l’amour à la lumière.
J’en ai parlé à mon entourage, parce que j’ai des amis en or. Je m’attendais à un support quelconque, alors leur réaction m’a frappée. Tout le monde a essayé de me réconforter en se rabaissant, en me citant ce qu’ils considèrent comme leurs défauts, ce qu’ils changeraient de leur personne, comme si c’était supposé me remonter le moral de savoir que tout le monde autour de moi ne s’aime pas vraiment.
REALLY GUYS?
Je me suis donc remémoré une phrase que j’ai lue sur internet: The human body is 70% water so the human race is basically just some kind of cucumber with anxiety[1].
Une belle gang de concombres qu’on fait là.
On se promène dans la rue en regardant les passants, en se disant qu’ils ont probablement leur vie d’établie, ou du moins un plan en tête, qu’ils sont fiers. On les envie parce qu’ils ne doivent pas avoir ça, eux, des complexes, des problèmes, des break-down. Ils sont de vrais adultes. Ça vous arrive de vous dire ça, vous? Que vous allez demander l’avis d’un « vrai adulte » alors que vous avez passé la barre des 18 ans il y a un bail?
J’ai un petit secret à vous dire; on est tous dans le même bateau.
On a tous nos problèmes.
Chacun nos p’tits bobos.
Mais comment est-ce qu’on s’est rendu là? Comment est-ce qu’une société peut trouver ça normal que l’ensemble de ses constituants rush SOLIDE à se regarder dans le miroir? Ça me désole de constater qu’une grande majorité des humains que je croise sont anxieux à propos de quelque chose.
Peut-être que ce n’est pas totalement nous le problème alors. Peut-être qu’en tant que société, nous devrions nous pencher sur un fléau plus présent qu’on pense.
En commençant par arrêter de se baser sur des magazines qui en page 3, te donnent cinq trucs pour maigrir instantanément pour ressembler à des modèles photoshoppés irréalistes et qu’en page 7, te supplient de t’aimer comme t’es et d’arrêter de te comparer.
Ce qui compte réellement au fond, c’est comment on affronte nos journées. Il va toujours y avoir quelque chose qui cloche, quelque chose qui nous tombe sur les nerfs, un nouveau complexe qui nous attend au bout du croche.
Vis ta vie. Aime-toi tel.le que t’es et demande-toi si toute l’attention que tes complexes reçoivent de ta part vaux vraiment la peine.
Si quelqu’un qui t’est cher venait te parler de ce problème-là, lui dirais-tu qu’il a raison de s’en faire avec ça? Si tu chicanais quelqu’un parce qu’il fait un plat avec ce que tu te reproches, peux-tu s’il te plait ne pas te taper sur la tête si ça t’arrive à toi?
Pour ma part, je vais monter mon éphéméride des prochaines semaines, établir un nouveau plan d’entraînement et faire quelque chose par rapport à ce qui me tracasse ces temps-ci.
Mais par-dessus tout, je vais arrêter de paniquer avec ça.
[1] Le corps humain est composé à 70 % d’eau, donc la race humaine est probablement juste une variété de concombre anxieux.
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