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La nostalgie du voyage

Source: Unsplash

Je suis une passionnée de voyage. J’adore partir et quand je pars, je le fais pour plusieurs mois. Inutile de dire que depuis le début de la crise sanitaire, je n’ai pas beaucoup bougé de chez moi. Je ne suis pas partie l’été passé pour visiter de nouvelles contrées lointaines et je n’ai même pas fait de week-end éclair au Vermont, à Toronto ou à New York. Mon moral s’essouffle et ma bucket list d’endroits à découvrir s’allonge. Pour tenir le coup, je nourris ma patience à coup de vidéos YouTube produits par des backpackers et d’objectifs d’épargne ambitieux, ceux qui me permettront de repartir aussitôt que je vais pouvoir le faire. Et aussi, je réfléchis.

Parce que c’est clairement quand on ne peut plus faire quelque chose qu’on se rend compte de la chance qu’on a de pouvoir la faire. Et qu’on voit à quel point on tient certaines choses pour acquises. Que je puisse m’acheter un billet d’avion pour l’Europe qui ne coûte que 800 dollars, que je puisse me rendre à peu près n’importe où dans le monde en une ou deux journées de transport, qu’il existe ces engins fantastiques appelés avions dans lesquels on peut traverser l’Atlantique en huit heures, n’est-ce pas des choses que l’on ne remet jamais en question ? À mon époque, le voyage est possible, quand même accessible, et il peut être vécu par des gens qui ne sont pas seulement issus des très très riches couches de la société. Et en tant que femme, je peux aller relativement partout, et ce, de manière plutôt sécuritaire.

Et aussi, je suis clairement privilégiée de pouvoir m’offrir des voyages. Oui, j’économise beaucoup et je fais des choix de consommation qui me permettent de partir souvent. Mais aussi, je ne travaille pas au salaire minimum, je peux prendre des vacances plusieurs semaines pendant l’été, je suis débrouillarde, éduquée, conscientisée, assurée, blanche, Canadienne, sans enfant à charge, sans hypothèque, etc. Je peux faire une demande de visa et être presque sûre de le recevoir. Je peux survivre plusieurs semaines sans salaire.

Qu’est-ce que je ferais si on me disait que je ne pourrais plus jamais voyager en dehors de mon pays ? J’y ai beaucoup réfléchi, aussi, au cours des huit derniers mois. Je me suis dit que j’avais bien fait d’en profiter dans le passé, mais que l’avenir n’était pas certain, en ce qui concerne les voyages à l’étranger. Ne pas pouvoir le faire m’a ouvert les yeux. Nous n’étions sûrs de rien. Et la crise climatique ? Si je ne pouvais plus jamais prendre l’avion ?

Les derniers mois où j’étais coincée à Montréal, j’ai donc beaucoup réfléchi. Mais j’ai aussi beaucoup marché. D’abord, c’était le quadrilatère autour de mon appartement, mon quartier, les quelques rues jusqu’à l’épicerie, la pharmacie. Puis, j’ai exploré un peu plus loin. Pendant l’été, j’ai découvert je ne sais combien de parcs que je n’avais jamais visités. J’ai traîné sur la rue Mont-Royal, je suis allée dans le Sud-Ouest. Je connais maintenant ma ville par cœur et je ne l’ai jamais trouvée aussi belle, aussi colorée. Je me suis mise à voyager dans ma propre ville, m’arrêtant à l’occasion dans les cafés encore ouverts et prenant des repas sur les terrasses. Je pense que pendant les mois que j’ai passés à Montréal, je me suis ancrée dans mon chez-moi, j’ai vécu la ville différemment, de manière plus puissante et plus consciente.

Et aussi, la valeur du voyage a pris tout son sens pour moi. Peut-être que je m’étais tellement habituée à partir que je ne réalisais pas à quel point cela pouvait me manquer. Je cultive donc cette bulle de bonheur à l’intérieur de moi et je prépare doucement ce qui sera mon prochain voyage, celui que j’aurai attendu pendant si longtemps, si patiemment. Parce que la prochaine fois que je vais pouvoir partir, croyez-moi que je vais le faire pour la peine… Car on ne sait jamais quand cette passion pourra m’être à nouveau enlevée.

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