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4 décembre, 5h18. Je n’arrive pas à fermer les yeux.
Hier, le gouvernement a annoncé que les rassemblements pendant la période des fêtes étaient interdits. Les cadeaux que tu avais déjà achetés devront croupir sous le sapin pendant une durée indéterminée.
Je comprends, mais, comme probablement chacun d’entre nous, je suis déçue. Je comprends qu’on veuille limiter la propagation du virus. Je comprends aussi qu’il est difficile de faire confiance à tout le monde lorsque vient le temps de respecter les règlements qui avaient d’abord été mis en place. Je comprends que l’annulation des fêtes vise à terminer ce cauchemar un peu plus tôt. Je comprends tout cela, mais, s’il-vous-plaît, soyez conséquents dans vos décisions.
Parce que ce que je n’arrive pas à comprendre, par exemple, c’est qu’on permet encore de magasiner autant dans la folie des fêtes sans pour autant restreindre de manière plus significative les entrées et les sorties dans les commerces. Je ne comprends pas pourquoi les vols qui ne sont pas nécessaires sont encore permis. Je trouve ridicule qu’on permette 30 personnes dans un salon funéraire, mais qu’on annule les fêtes. Je n’arrive pas à saisir pourquoi l’Université de Sherbrooke tente malgré tout de maintenir des activités non obligatoires en présentiel. On amène des étudiants des quatre coins de la province dans une salle de classe, en plein dans une zone rouge, pour faire un examen qui pourrait très bien être complété à la maison, sans risque de propagation. Si vous voulez vraiment être conséquents, annuler les fêtes n’était pas la seule chose logique à faire.
Depuis 10 mois maintenant, des milliers d’étudiants sont confinés à la maison pour essayer du mieux qu’ils le peuvent de rester motiver dans leurs études. Des milliers de professeurs restent devant leur écran à espérer que leurs étudiants participent enfin à leur cours et posent des questions comme ils le feraient s’ils étaient en classe. Des millions de travailleurs doivent faire du télétravail pour continuer à mettre du pain sur la table. Ils assistent à des réunions par visioconférence et après avoir raccroché, ils se rendent compte que c’est trop difficile pour eux et qu’ils n’y arrivent plus. Les travailleurs de la santé, eux, se battent corps et âme pour contrer toute cette pandémie et, malheureusement, croulent sous cette pression et sous ces gens qui n’arrivent pas à les remercier.
Nous sommes le 4 décembre 2020, et le seul espoir qui restait pour tous ces gens était de se retrouver ensemble à Noël. En annulant les rassemblements des fêtes, on a supprimé la petite étincelle d’espoir qui était resté allumée depuis ces 10 mois. Certaines grandes familles n’auraient même pas pu se voir toutes en même temps, mais au moins elles se seraient vues. Le temps des fêtes, c’est un moment rempli d’amour, de générosité et de confiance. Pour plusieurs, il s’agit du seul moment qu’on a pour se partager nos peurs, nos réussites et nos moments marquants de l’année. En interdisant tous les rassemblements, on a creusé un trou encore plus profond dans l’esprit en détresse de bien des personnes. On s’était fait à l’idée qu’on pourrait célébrer deux fois. C’est encore pire d’annuler cette nouvelle une fois qu’on s’y était préparé et qu’on s’était fait des attentes. C’est comme si on te donne une promotion au travail, mais que deux semaines après te l’avoir annoncé, tes patrons décident de te la retirer. Ça aurait été mieux qu’on ne te le dise pas au départ et qu’on ne te fasse pas de faux espoirs, hein?
Je comprends que tout ça, c’est difficile, mais peut-être nécessaire. Je comprends aussi qu’on n’arrivera pas à mettre ce petit baume dont nous avions tant besoin sur nos cœurs brisés et seuls en ce temps de réjouissances. L’année 2020 a été pour plusieurs d’entre nous la plus difficile d’entre toutes, et nous aurions espéré pouvoir la terminer en se réchauffant autour d’une bûche, 10 personnes à la fois, pour ensuite commencer 2021 avec un peu plus d’optimisme que d’inquiétudes.