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Quelque part entre l'insécurité et la peur, je me suis perdue – Par Karianne Martel

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Toute ma vie, ma peur du jugement et de l’abandon prenaient tellement de place dans ma vie que j’ai joué le jeu. C’est en réalisant que je ne fittais pas trop dans le moule que j’ai commencé à le faire plus régulièrement. J’ai joué la serveuse, la fille hyper sociable, la fille timide, la fille qui crie haut et fort ce qu’elle pense, la fille cynique, la nationaliste qui se promène avec un drapeau lors de la Saint-Jean, la fille de party… Jouer me permet de vivre des expériences de personnes « normales », de m’imaginer ce qu’on ressent pis d’essayer de comprendre.

C’est une stratégie qui peut devenir rapidement gratifiante. On apprend à se faire apprécier, parce qu’on montre aux autres ce qu’ils veulent voir, ce qu’ils attendent de nous, mais le problème en jouant, c’est qu’on finit par s’oublier. Se perdre dans la multitude des masques portés. L’insécurité et les questionnements prennent le dessus; et si j’étais moi-même, est-ce qu’on m’accepterait autant? Le pire, c’est les compliments. Quand on dit que je suis ben « nice » ou que j’ai l’air intéressante, c’est à ce moment que la panique embarque :

« Et si le reste de ma personnalité est un turn off? »,

« Pis si c’était trop? »

« Pis si je n’étais pas assez? »

La peur du rejet augmente. Continuer de jouer le jeu à l’air plus safe… et tranquillement, le mal-être s’infiltre. Le besoin d’arrêter d’essayer de tout contrôler se fait pesant. C’est tellement épuisant, mais la peur est plus puissante. Donc il reste une option; s’enfuir, partir, oublier ceux à qui on n’a jamais montré le whole package.

C’est une situation hyper ironique, parce que c’est la peur du rejet qui fait qu’on rejette les autres. Un immense cercle vicieux où des agissements qui visent à diminuer notre solitude nous fait plonger encore plus dedans. Pis après, on se dit : « Anyway, qui pourrait ben nous accepter tel que l’on est? », mais l’avons-nous déjà testé?

Dans les dernières années, j’ai reconstruit mon cercle social et c’est en me surprenant moi-même par des comportements que je n’avais pas eu depuis longtemps que j’ai réalisé que je m’étais perdue. Que j’étais pu moi-même depuis longtemps et que mon mal-être venait entres autres du fait que je ne m’autorisais jamais à l’être.

Je me suis surprise à être expressive et intense, mais à être bien. Parce qu’on m’acceptait comme j’étais, parce qu’on appréciait tout ce que j’avais peur de montrer. Parce que j’ai craqué ma carapace et c’est ce qui fait de moi la personne un peu spéciale que je suis, mais entière au moins. J’apprends encore à accepter qu’on ne puisse pas bien s’entendre ou plaire à tout le monde. Au final, être 100% soi-même avec quelques personnes est beaucoup plus gratifiant qu’être intéressante pour plein d’autres.

Il faut juste essayer de briser nos vieux patterns pour enjoy des relations qui nous font du bien pour de vrai, parce que personne ne mérite qu’on joue tout le temps pour eux, anyway.

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